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Classification des démons

S'inspirant de la classification initialement établie par Psellos, le R.P. Delrio distingue, à son tours, six sortes de démons "immondes, malins et mortels ennemis des hommes", selon leur lieu de résidence ordinaire, dont il développe, comme suit, la définition :

Le premier genre est de ceux qu'on appelle ignès pour ce qu'ils errent autour de la suprême région de l'air et n'ont aucun commerce en terre avec les sorciers pour ce qu'ils ne descendent point de là.
Ceux du second genre ont la qualité d'aériens pour ce qu'ils rôdent par l'air et demeurent fort près de nous. Ceux-ci peuvent descendre et, se formant des corps du plus gros air, paraître aucune fois aux hommes. Ils troublent l'air, excitent des tempêtes et tonnerres et tous ensemble battent en ruine le pauvre genre humain. Ils sont mués de passions tout ainsi que les hommes, d'orgueil principalement et d'envie se laissent emporter aux perturbations. Ils n'ont pas tous une même forme, mais plusieurs, lesquelles ils changent souvent selon la variété des affections qui les font apparaître à l'évocation des Sorcières ou qui les poussent à nuire et endommager quelques-uns.
Les démons du troisième genre sont appelés terrestres, que nous ne doutons point avoir été précipités du Ciel en Terre pour leurs démérites. Les uns habitent dans les bois et les forêts et tendent des pièges aux chasseurs, les autres en pleine et large campagne font égarer les voyageurs, le reste moins furieux se délecte d'habiter obscurément parmi les hommes.
Le quatrième genre de démons porte le titre d'Aquatiques pour ce qu'il habite autour des lacs et des rivières, plein de courroux, troublé, sans repos et frauduleux. Il excite les tempêtes sur la mer, submerge les vaisseaux et fait perdre à plusieurs la vie dans le milieu des eaux. Toutes les fois que tels démons empruntent des corps visibles, plus communément apparaîssent-ils en sexe féminin... de là, les naïades, néréides et nymphes ont-elles été nommées des anciens au sexe féminin plutôt qu'au masculin.
Le cinquième genre est nommé souterrain pour ce qu'il habite ès grottes et cavernes et plus reculées concavités des montagnes. Il est d'une affection très méchante et s'attache principalement à ceux qui fouissent des puits et mines de métaux ou chercheurs des trésors cachés dedans la terre. Au reste toujours prêt à procurer les ruines du genre humain, soit par ouvertures ou par abîmes, par vomissements de flammes ou par croulements d'édifices. De ces démons, les uns sont gardiens des trésors que la malice des hommes a cachés dedans la terre, et, de peur que derechef ils ne viennent à l'usage des hommes, les gardent, les dérobent et bien souvent les transportent de place en autre.
Finalement le sixième et dernier genre est de ceux qu'on appelle Lucifuges pour ce qu'ils refuient le jour, ni ne peuvent prendre ou se former des corps autrement que de nuit. (Les controverses et recherches magiques. Paris, 1611, livre II, quest. 27, sect. II). Extrait tiré du Dictionnaire du Diable de Roland Villeneuve.

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Accusations Diaboliques

Le Diable étant, comme chacun sait, le Père du Mensonge, il est formellement interdit d'employer les exorcismes pour savoir si telle ou telle personne est magicienne ou sorcière. Même s'il lui arrivait de dire la vérité, affirme saint Thomas d'Aquin, on ne saurait le croire : Daemon etiam vera dicenti non est credendum (Summa Theol., XXII, quaest. IX, cap. 22). On ne doit jamais, concluaient, le 16 février 1620, les docteurs de la Sorbonne, "admettre les démons à accuser autrui, moins encore employer les exorcismes pour connaître les fautes de quelqu'un et pour savoir s'il est magicien".
Et Pithoys ajoutait : "Les accusations, dépositions, sdiffamations des diables possédants, ne doivent servir d'aucun fondement en fait de procédure juridique et criminelle. Et c'est un grand abus d'attenter à l'honneur et à la vie d'une personne en suite de telles accusations diaboliques."

Les parlements régionaux de jadis et les juges de village ne tenaient, bien entendu, aucun compte de ces recommandations et, pour l'obtention de l'aveu, préconisaient d'ailleurs la torture plutôt que l'exorcisme. Extrait tiré du Dictionnaire du Diable de Roland Villeneuve.
(note de Pen of Chaos : n'hésitez pas à lire "le maître des mensonges" de Graham Masterton, qui n'illustre pas vraiment cette rubrique mais dans laquelle Beli-Yal, père du mensonge, doit se faire piéger par la Vérité pour être rejeté de notre monde...)

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Interaction du mal et des croyances

Il est amusant de constater qu'au fil du temps et de l'histoire, la plupart des faits relatant quelque apparition d'un mauvais esprit, diable ou malin, se passe toujours non loin d'un lieu de culte fréquenté par des fidèles. La plupart des cas de possession, grands procès de sorcellerie, affaires diaboliques et dérivés, se passent dans des couvents, des églises, des prieurés, des villages à la population très pieuse. De là nous pouvons émettre plusieurs hypothèses (si l'on considère, bien entendu, qu'il se passe réellement quelque chose). La prémière étant que les démons s'attachent à corrompre ce qui est le plus difficile à corrompre (en théorie...), à savoir ceux dont l'âme est pure. Cela relèverait d'une certaine "sportivité" qui n'est cependant pas trop en accord avec la prétendue psychologie de ces ennemis du genre humain.

Le principal trait de caractère du malin étant l'orgueil, nous pouvons aussi discerner ici une de ces manifestations. En effet, rien de mieux que de pouvoir se vanter d'avoir corrompu une âme pure et soit-disant vouée à Dieu et au bien. La réaction du démon sera de dire "voyez, que ce soit n'importe qui, je peux l'attirer à moi". De là à affirmer que le "côté obscur" est le plus fort, il n'y a qu'un pas...

Une autre hypothèse relève du bien-fondé même de ces actes : si le malin s'attaque essentiellement à ceux qui sont croyants (donc, toujours selon la théorie, ceux à qui il peut faire peur), il est fort probable que ses actes n'ont aucune emprise sur ceux qui n'y croient pas (les sorciers hérétiques quant à eux, sont possédés suite à une invocation, et non à une simple "attaque" du mal). On pourrait donc extrapoler en prétendant que la principale nourriture des démons est la peur qu'ils inspirent, et qui exerce autour de ses prétendues proies un genre d'"aura" lui permettant de les repérer.

On peut aussi distinguer un phénomène plus "physique", qui serait un problème énergétique. Les lieux de cultes sont sensés recueillir énormément d'énergie psychique (de part leur ambiance, leur construction, et le nombre de prières qui y sont proférées). Il est possible que ces "remous" énergétiques, favorisant un contact avec le "ciel", soient décelables aussi du côté des enfers... les démons, attirés par un mouvement anormal, s'empressent de venir prendre part à la fête. Ils trouvent sur place une population de gens dont l'esprit est particulièrement fragile à leurs assauts.

Les couvents et abbayes, d'autre part, recèlent une importante population de gens privés de l'apport du sexe opposé... il pourrait s'en suivre une intense frustation sexuelle, permettant au démon de cultiver la tentation. De nombreux abbés, curés et autres évêques furent impliqués dans des affaires louches à caractère sexuel, souvent suivies ou précédées d'affaires de possession, sorcellerie ou pactes.

Bien entendu, nous considérons pour chacune de ses théories que le côté "sceptique" est le plus valable, à savoir que tout ceci reste une invention humaine, et qui prend d'ailleurs une signification ainsi qu'une cause. En effet, il est facile à l'auteur du crime de se défendre en disant "aidez-moi, je suis la proie du démon". Le moine ayant fait voeu de célibat voit peut-être son esprit s'altérer au fil du temps, et il sombre alors dans une frénésie sexuelle pouvant le mener aux pires actes. D'autres, dont le cerveau pourrait mal supporter les rigueurs de la vie monacale, deviennent fou et s'inventent des présences.

Théorie et histoire par Pen of Chaos.

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