The Immoral Three (1972)

Genre : drame familial érotique polardesque

They love... They kill... There's nothing they wouldn't do!

Revue : Michel Pagel

Je viens de regarder "The Immoral Three" de Doris Wishman. A ceux qui n'ont encore jamais vu un authentique nanar, je conseille celui-là, ce n'est pas un plus mauvais début qu'un autre.

Doris Wishman est assez célèbre pour avoir été la seule femme (si on excepte le tandem Roberta/Michael Findlay) a tourner des nudies pendant les années 60. Elle a commencé par les films de nudistes, dès la légalisation, avec notamment un "Nude on the Moon" où des astronautes débarquent sur la lune pour y trouver une colonie de nudistes jouant au volley ball (pas vu, mais ça doit être quelque chose). Ensuite, elle s'est orientée vers le nudie-roughie, c'est à dire le polar noir mâtiné d'érotisme. Certains films de cette catégorie ne sont pas dénués de qualités, mais ce n'est pas le cas de celui dont il est question aujourd'hui.

Or donc, plus cheap que ça, y a pas. Aucun des acteurs ne sait jouer. Souvent, on les entend discuter en voix-off pendant que la caméra cadre n'importe quoi, et on s'aperçoit très bien qu'ils sont devant un micro en train de lire leur texte. La maison dans laquelle se situe l'essentiel du film est constituée par la façade, la piscine et le parc d'une authentique villa. Les intérieurs, en revanche, ont été filmés dans un appartement : quand les personnages entrent ou sortent, on voit même le palier. Ajoutons à cela quelques balades dans des sites touristiques qui évoquent les films de vacances de votre tonton, une mise en scène inexistante, ou alors ratant ses effets, et une bande sonore très dramatique, au point de rendre ridicule la plupart des scènes de suspense, et nous aurons à peu près fait le tour du problème.

Venons-en au scénario :

Pré-générique : une jeune femme fortement charpentée bronze en maillot de bain sur sa terrasse. Un homme dont on ne voit pas le visage surgit et l'étrangle. Générique. On passe à une grande scène d'émotion, durant laquelle trois autres jeunes femmes se recueillent devant un cercueil. Surgissent un notaire et un vieux bonhomme pour les explications : les trois donzelles, Stacy, Nancy et Ginny sont soeurs, et filles de l'étranglée du début, Jane Tunney, mais pas du même père. Le notaire raconte comment Jane a conçu Stacy (une très jolie brune) avec son époux légitime, ce qui nous vaut une scène de cul, et comment elle a divorcé de ce dernier un an plus tard.
"Où est-il maintenant, mon père ?" demande Stacy, on la comprend. Non, on ne la comprend pas, car personne ne se donne la peine de lui répondre. Notez ce détail, c'est important.
Le vieux bonhomme prend la relève. C'est une huile des services secrets, qui révèle que Jane travaillait pour lui. Pour sa première mission, elle devait chiper des microfilms à un espion russe, ce qu'elle a fait, je cite "en utilisant la seule arme dont elle disposait" (et re-scène de cul, au bout de laquelle l'espion surprend Jane en train de fouiller dans ses affaires, lui fout une trempe et se retrouve avec une fourche dans le dos, car il y a des fourches posées négligemment contre le mur du salon chez tous les espions russes, c'est bien connu.) De cette union est née Ginny. Deuxième mission, deuxième espion, troisième scène de cul, troisième bébé : Nancy. Ok ? Les trois filles ont été élevées par l'assistance publique "pour les protéger", dans l'ignorance de leurs origines. Evidemment, la mère était riche. Evidemment, elles doivent se partager le magot (trois millions de dollar). Toutefois, une clause prévoit que tout le pactole reviendra à la dernière vivante et, si elles meurent toutes les trois, au gentil notaire qui était aussi un ami très cher de Jane. Vous la voyez venir, la ficelle ? Pas étonnant, c'est du cordage de marine. Autre clause, les 3 filles ont pour mission de venger leur maman avant un an, sinon le pactole revient, une fois de plus, au notaire. (Des fois qu'on n'ait pas compris).
Pour être sûr qu'on a bien compris, Doris Wishman en remet une couche : alors que les trois filles s'apprêtent à partir en voiture toutes seules comme des grandes, le vieux des services secret s'offre à les conduire. Le notaire tente de l'en empêcher, sans succès. (Notez, notez). Et boum, alors que le vieux est encore seul dans la bagnole (non, elles sont pas montées, finalement, je sais pas pourquoi), elle explose ! Là, on se dit que c'est le notaire l'assassin, hein ? Ou alors que, vraiment, on se fout de notre gueule.
Vous allez rire : on se fout de notre gueule.
Pas démontées par l'explosion, nos gamines vont s'installer dans la maison. Là, se situe la séquence "pop art" du film. Stacy se met en bikini et va s'installer dans une chaise-longue au milieu du parc de la maison de sa mère, à trois mètres de l'endroit où un jardinier (qu'on ne reverra plus) arrose ses plates-bandes. Prenant négligeamment une banane (je parle bien du fruit) que l'accessoiriste a gentiment placée sur la table qui jouxte la chaise-longue, elle la suce avec toute l'ardeur de Brigitte Lahaie dans ses grands jours. Excité comme une puce, le jardinier s'approche, elle lui défait son jean et… on a droit à trois minutes sur le visage extasié du type, avec en surimpression des plans de la nana en train de sucer la banane (le fruit, toujours). C'était sans doute très osé en 1972 aux USA, mais de nos jours, l'érotisme que ça distille demeure assez ténu.
Là dessus, Stacy, toujours, accueille le livreur de pizza à l'appartement. Evidemment, elle fait ce que fait toute jeune femme seule quand elle n'a pas de monnaie pour donner un pourboire au livreur de pizza : elle lui prend les mains et les pose sur ses seins. Ensuite, elle veut le foutre dehors, mais il ne l'entend pas de cette oreille et tente de la violer. Pas de pot, les deux autres soeurs arrivent et jettent le mec. Pas honteux, il frappe à la porte en criant qu'on ne lui a pas payé ses pizzas (c'est la touche d'humour du film). Les services secrets ont fourni à nos héroïnes une liste de quatre hommes qui pourraient bien être l'assassin de leur mère (les services secrets adorent aider les particuliers qui s'occupent de leurs affaires, vous n'étiez pas au courant ?). Ça nous vaut une scène tellement proche du pré-générique d'un épisode de Mission:Impossible que Stacy ne peut pas s'empêcher de remarquer : "Wow ! C'est mieux que Mission:Impossible". Je passe brièvement sur les recherches que font nos copines : aucun des quatre suspects ne se révèle être le coupable (puisqu'on vous dit que c'est le notaire) mais chacun donne en revanche lieu à une scène de cul. Ces dames ont un mal fou à conserver leurs vêtements. A un moment, il y en a même une qui, alors que ça n'a rien à voir avec l'histoire, se retrouve coincée dans l'ascenceur avec un type, et je vous laisse deviner ce qu'ils y font.
Retour au bercail. Nancy arrive la première, juste à temps pour se faire zigouiller par le véritable assassin, qu'on ne voit toujours pas. Là-dessus, débarquent Ginny et Stacy. La première, persuadée que la seconde est coupable, appelle le notaire à la rescousse. Quand il arrive, il la trouve seule et tente de la violer, parce qu'elle ressemble à sa mère, dont il était amoureux mais qui s'est toujours refusée à lui. Il sort un revolver. Donc, on avait raison, c'était bien lui l'assassin ! Il y a lutte, le coup part, le notaire est tué. Ginny reste comme une conne au bord de la piscine, juste assez longtemps pour recevoir les balles que lui balance un tireur invisible.
Ciel ! Serait-ce Nancy, finalement ?
Elle arrive, Nancy. Elle n'a pas d'arme à la main, mais elle l'a peut-être jetée, allez savoir.
Mais non : soudain, le véritable tueur sort de l'ombre, et c'est un type qu'on n'a jamais vu auparavant. C'est le père de Nancy, dites donc. (Je vous avais dit que c'était important, ce détail, mais à ce stade du film, on l'a complètement oublié). C'est lui qui a zigouillé tout le monde. Il s'explique : Jane voulait des fringues chic, des beaux bijoux, qu'il n'avait pas les moyens de lui payer, alors il s'est mis agent double pour gagner plus de blé, mais elle l'a dénoncé à leurs supérieurs et il vient de passer 30 ans en taule. A sa sortie, il n'a eu qu'une envie : tuer Jane, et ensuite, descendre tout ce qui se dressait entre sa fille chérie et le magot. Evidemment, la fille chérie en question n'est pas particulièrement enchantée de ces révélations, ce qui nous vaut une nouvelle lutte. Et là, coup de théâtre ! Le notaire n'était que blessé, il se redresse, tire, abat le papa, et s'effondre pour ne plus bouger. Stacy reste seule avec le fric.

Ouf !

Un scénario moins crédible que ça, faut se lever de bonne heure pour en trouver un, vous avouerez.

A noter que ce film a donné lieu à un "prequel" qui raconte une enquête de Jane Tunney, "Double Agent 73". 73 parce qu'il paraît que le film faisait 73 minutes, et surtout parce que c'était le tour de poitrine de l'actrice principale. Pas très impressionnant ? Même en pouces ? Je vous laisse faire le calcul. Cette dame s'appelait Chesty Morgan et c'était un monstre. Lolo Ferrari, à côté, c'était Jane Birkin. Elle a tourné un autre film avec Wishman, "Double Weapons", dans lequel elle étouffait ses ennemis sous ses seins (je n'invente absolument rien !). De grands moments de nanaritude, ceux-là, aussi.

Retour à la page BIS