Cubbyhouse

Genre : Ma cabane en Australie/ un démon y a fait son nid... (Air connu)

Fiche technique

Revue : Docteur Bis

L'été est le moment propice pour que les distributeurs se débarrassent en douceur des séries B qu'ils ont accumulé dans l'espoir que personne ne les remarque. Mais l'été, c'est aussi les grandes chaleurs, et grande est la tentation de s'enfermer dans une salle obscure à l'air conditionné (De quoi a l'air le film, c'est autre chose...)

L'ennui, c'est que les distributeurs semblent avoir décidé que le fantasticophile est un débile mental qui se contente du brouet le plus infâme. Résultat, on a l'impression que seuls les navets les plus dégradants pour le genre méritent une sortie tandis que des films aussi intéressants que "Ginger Snaps" (lui aussi présent à Gérardmer !) ou "Dagon" finissent en vidéo. On se souvient du redoutable "Christina's House" de l'an dernier, et aujourd'hui, ce "Cubbyhouse" (Ou alors, c'est que n'importe quel film avec le mot "house" dans le titre est acheté d'office. Allez comprendre...)

Pouf, pouf.

Ce "Cubbyhouse", alias "The Third Sign", est Australien, et c'est bien là sa seule originalité. Il s'ouvre sur une de ses scènes qui, à elles seules, vous font 1/ à peu près deviner ce qui va se passer durant les 90mn restantes, et 2/ Regretter de ne pas avoir choisi la salle d'à-côté. A savoir, un brave homme se rue dans une maison, est attaqué par un sataniste (reconnaissable à son froc de moine, sisi...) qui le prend pour son frère. Lequel frère se trouve dans une cabane miniature éclairée de dégoulinures rougeâtres ; il apparaît tout ensanglanté, dit une phrase du genre "tout est fini..."

Et pan : devinez quoi, on a droit au traditionnel "30 ans après". (Pourquoi 30 ? Parce que !!!!!)

L'ennui, c'est que cela s'est beaucoup contruit autour de la maison, comme on le montre lors d'un générique amusant : un lotissement a jailli tandis que la bicoque jadis isolée reste là, moche et décrépite. Ce qui nuit un peu à la suite : difficile de croire qu'on coure un vrai danger lorsqu'on est entouré de demeures tout à fait normales, avec voitures, téléphones et peut-être un flingue ou deux.

Et voilà une gentille famille, les Graham, la mère, un ado de service (évidemment...) et deux enfants, qui débarque. Un poil de pathos sur un divorce douloureux pour expliquer qu'ils viennent de L.A. car la soeur de madame vit en Australie, ou est Australienne, ce n'est pas clair et ne sera jamais explicité. La maison leur fut vendue par un agent immobilier fier à bras qui jouera le rôle de la tête à claques de service. D'ailleurs, il insiste pour proposer à M'dame un rendez-vous diurne pour aller déguster un bon kangourou melba (spécialité locale). Il pourrait aussi bien porter un T-shirt : Victime Désignée, car c'est écrit au néon et ça clignote...

Donc, le garçon et la fille s'enthousiasment de trouver la cabane au fonds du jardin, qui est TOUJOURS aussi peu inquiétante. Or... Alors qu'ils vont chercher une baballe dans les broussailles, ils sont attaqués par des lianes et racines vivantes. Oui, j'ai dit des lianes et racines. Le démon a dû voir "Evil Dead !" en boucle au ciné-club des enfers... Ils s'en sortent, bien sûr car on en est qu'à un quart d'heure du film, mais on se doute qu'ils sont les prochains sur la liste... des possédés, pas des victimes, puisque ce sont des chtits n'enfants et si on a un peu suivi, c'est vrai, quoi.

Au passage, l'ado (Danny) rencontre sa voisine ado (Bronwyn), et ils partent aussitôt faire de tennis avant, on s'en doute, d'aller observer deux papillons. Je précise deux ados, car malgré la platitude de leurs personnages, les deux acteurs réussissent à insuffler assez de vie pour les dispenser des habituels qualificatifs de torchenave et cagole. Certes, il s'en faut de peu, mais qu'auriez vous fait à leur place ? Au passage, Bronwyn tient à lui montrer LE taré local (ce qui prouve comme le coin est fertile en distractions) qui n'est autre que Harrison, le frère de l'assassin du début. Il faut croire qu'être cinglé conserve, car malgré l'intervalle de 30 ans (et malgré ses cheveux longs, indice certain de folie latente), il n'a pas vieilli d'un poil. Il s'inquiète de savoir que deux enfants ont investi la demeure et conseille à Danny de se méfier de la cabane, mais tout le monde sait que personne n'écoute jamais la Cassandre locale, c'est d'ailleurs dans le CISB art. 27 codicille 8. Bon. On tient notre seconde victime désignée...

De son côté, M'dame s'offusque : en fait, selon les dernières volontés de la propriétaire, la maison ne pouvait être vendue qu'à des individus sans enfants. On comprend pourquoi lorsque les deux gnomes prétendent jouer avec des amis... qui, on s'en doute, portent les noms des enfants décédés 30 ans plus tôt. Au passage, d'étranges messages apparaissent sur l'ordinateur de m'dame (Un démon qui sait utiliser flash+ et photoshop, dites-donc ! J'imagine les cours du soir d'informatique infernale et les diablotins déchiffrant les méandres de Windows, ce qui équivaut en soi à la damnation éternelle. Mais je m'égare au gorille...)

Harrison va voir Harrow dans son asile, ce qui permet de constater que lui non plus n'a pas vieilli d'un poil. Entre-temps, Danny s'introduit chez Harrison et découvre toute sorte de documents relatifs au meurtre de deux enfants dont fut accusé son frère Harrow. Harrison rentre, au grand dam de Bronwyn qui montait la garde. Arrive Danny qui entreprends de casser la figure à Harrison. Question développement du personnage, on ne comprend pas trop : est-ce vraiment positif de s'introduire chez quelqu'un, puis le tabasser sans grand motif ? Est-ce que son statut de "taré" justifie un lynchage ? En tout cas, le personnage de Danny n'en sort pas grandi. Mais dès qu'il a le dos tourné, les lianes ou racines ou Dieu sait quoi ‹ qui entre-temps, ont dû aller voir "Evil dead 2" au dit ciné-club des enfers pour se mettre en forme ‹ sortent d'une bouche d'égoût (???) pour tuer Harrison. Décidément, ce démon a le bras long...

Harrow comme Danny ont des cauchemars sanglants, ce qui est toujours de bon ton dans ces cas-là. M'dame décide d'obstruer l'entrée de la cabane, mais le démon retire clous et planches ( Un démon charpentier ! Qu'il est terrifiant !) et nos deux morbaques vont faire risette à l'enfer histoire de voir si Dante avait raison. Entre-temps, la cabane exerce une sale influence sur Danny et Bronwyn, puisqu'elle les pousse à se livrer à des exercices gymnasticatoires consécutifs à l'observation des papillons (preuve qu'ils sont possédés du démon). Heureusement, bien que Jason soit un tantinet occupé par "Jason X" (Ceux qui, en voyant l'affiche, ont cru à une parodie porno lèvent le doigt...) les deux gnomes arrivent à temps pour ricaner et faire respecter la morale. Ouf, on a eu chaud... Même si, étant possédés, ils auraient dû laisser nos ados se livrer aux joies sataniques et déviantes du stupre prépubère et de la fornication artisanale, mais bon : on est pas là pour enfoncer les charlots.

Donc, en un sursaut de logique étonnant dans un tel contexte, M'dame décide qu'il est temps de détruire la cabane. C'est l'agent, curieusement encore vivant, qui s'y colle à la tronçonneuse, obtenant en échange un rendez-vous pour aller le soir-même déguster un kangourou tatin (autre spécialité locale) avec M'dame. Bien sûr, lorsqu'il se pointe, il est attiré dans les buissons par une voix séductrice ; Respectant la règle du Darwinisme, il y va et subit un sort funeste qu'on entrevoit à peine. Et bien sûr, la cabane se reconstitue toute seule...

Bon, en avant pour le finale : arrive Harrow qui s'est évadé de l'asile à temps pour servir de victime expiatoire. Il s'agit de trouver le véritable nom du démon sur trois, bla bla bla, affronter un agent immobilier surgi de l'enfer avec sa tronçonneuse (Il a du voir "Evil dead" en boucle au ciné-club des enfers déjà cité, qui doit se trouver juste à côté de la salle d'informatique...) et plein d'effets spéciaux foireux rougeoyants avant que la cabane ne daigne brûler. La famille Graham quitte l'endroit (pour où, mystère) pendant que Danny fait ses adieux à Bronwyn. Mais aussitôt... Argh, ils ont osé, une nouvelle famille arrive avec devinez quoi ? Deux enfants ! Soupir généralisé de tous ceux qui ont tenu jusque là...

Donc : un poil de sang. Un nombre minimal de victimes. Une cabane hantée (à quand la niche du chien ou la boîte aux lettres démoniaque ?). Du kung fu, du Evil Dead fu, de l'agent immobilier fu, du démon fu, du liane fu. A éviter, avec ou sans consommation d'alcool. Effets secondaire : Un dégoût subit contre les importations Australiennes et un accès de colère incontrôlée envers les distributeurs ciné, ce qui peut faire monter immodérément la tension artérielle. Souvenez-vous sans une éternelle vigilance, cela peut arriver chez vous.

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