A Minuit je possèderai ton âme

Genre : croque-mort de rire

Fiche technique

Revue : Pen of Chaos

On nous y narre les pérégrinations d'un croque-mort excentrique, et son désir de trouver une "femme parfaite" qui lui donnera une descendance.

Cela démarre sec par le monologue d'une vieille folle maquillée qui, on l'apprendra plus tard, est "la gitane". La diseuse de bonne aventure du village, la sorcière du cru. Elle nous met en garde, rapport au contenu du film, et termine par "rentrez chez vous, où vous souffrirez, ha ha ha ha haaaaaaaaaaaaa". Bon, là, j'hésite encore un peu, puis je me lance. Remarquez... elle nous avait prévenu !

Les cloches. Un enterrement. Classique. Mais on y voit pour la première fois notre personnage, Zé, joué par le réalisateur qui dans comme dans ses autres films est drapé dans une cape, et coiffé d'un haut-de-forme. Le croque-mort rentre chez lui, sermonne sa femme qui veut l'obliger à manger des légumes : c'est le vendredi saint. Mais non madame, Zé ne veut pas faire comme tout le monde et part se taper des côtelettes.

- Attention, le diable te tente !
- Ouais, si je le croise, je l'invite à diner !

Notre héros de noir vêtu s'en va draguer la copine de son meilleur ami, Antonio, avec laquelle il se prend une veste. C'est que sa femme à lui, toute attentionnée qu'elle soit, est stérile. Pour finir la soirée, il va faire un tour au bar et joue une partie de poker, qu'il gagne bien sûr avec un carré d'as. Accusé de tricherie, il se fâche tout rouge, et des veinules apparaissent dans le blanc de ses yeux. Elles seront tout au long du film l'indication que notre bonhonne est très fâché, associé à des haussements de sourcils d'un comique abouti. Bref, il pourrit le pauvre hère qui lui tenait tête, et décide de manger un gigot en public pour bien montrer que lui, les coutumes religieuses, il s'en moque. D'ailleurs, il en profite pour tripoter la serveuse. Re-baston, re-yeux-rouges, il colle une trempe à un autre lascar et s'en va dans la nuit, et dans un grand éclat de rire sardonique.

Lassé, il décide de tuer sa femme qui n'est pas digne de lui. Il y a des moyens simples, mais il choisit la mort par morsure de mygale (!) et avant de l'achever, il lui sert un discours d'une profonde débilité. Le docteur du village est cependant forcé d'admettre que c'est un accident.

Désormais célibataire, il attaque sec la copine d'Antonio, Terezinah. Mais elle refuse ses avances vu qu'elle veut se marier avec Antonio. Pas de problème, il suicide son ami d'un coup de tisonnier et termine en le noyant dans la baignoire. Le village commence à avoir des doutes... cela dit les gens n'osent pas trop s'en prendre à Zé, dont les yeux deviennent rouges quant on l'énerve, qui a des ongles pointus et une cape.

Voulant toujours se faire Térézinah, il lui achète un oiseau et s'en sert de prétexte pour la violer. Elle le maudit, et menace de se pendre. Si Antonio est enterré à minuit, elle aura son âme ! Et forcément, ce qui arrive, c'est qu'on enterre Antonio à minuit dans le dos du croque-mort. Zé, ennuyé, part se promener dans le cimetière, insulte les tombes, les macchabées et même dieu. Bouh, le vilain.

On retrouve la belle pendue, le médecin trouve que ça commence à bien faire et rédige un rapport pour les autorités. Mais Zé, prévoyant, vient lui rendre visite, lui crève les yeux et fout le feu à sa maison. Puis il rentre chez lui et commence à se faire hanter par des voix. C'était donc vrai, le voilà maudit ! Mais il doute. Il tient alors pendant de longues minutes un autre grand monologue, dans lequel on apprend qu'il est plus intelligent que tout le monde, qu'il mérite une femme digne de lui, et qu'il défie dieu de lui prouver qu'il existe. Rien ne se passe.

Le lendemain c'est le jour des morts. Zé part faire le malin au bar, où il frite un gars en lui lacérant le visage à l'aide d'une couronne d'épines. Puis il fait la cour à une belle et part se promener avec elle dans la nuit, car nul autre homme ne veut la raccompagner, puisque c'est le jour des morts. Il est tard et il doit rentrer chez lui, non sans avoir croisé la gitane du début du film qui lui prédit un tas de choses malsaines. Etant un bon sceptique, il l'envoie balader, et part dans la campagne. Mais tous les présages se réalisent, et il commence à douter... Il fuit et panique, essaie de rentrer chez lui et croise la procession des morts (des effets spéciaux à hurler de rire), ainsi que tous les gens qu'il a aidé à passer l'arme à gauche depuis le début du film, sous forme de zombies grognons. Fou à lier, il parvient chez lui à la morgue et ouvre des cercueils dans lesquels il voit les corps sans vie de ses amis. Et là, le mystère du film s'épaissit, car l'homme s'étrangle en criant de peur, les yeux lui sortent de la tête, et il meurt.

Et le spectateur, pensif, se demande quel était le but final de cette histoire... ce n'est pas un film vraiment sceptique, puisqu'à la fin ce sont les croyances qui triomphent. Et on ne comprend pas bien pourquoi Zé meurt de peur à la vue de cadavres tout à fait normaux. On aurait aimé qu'au moins à ce moment on trouve une autre façon de finir l'homme, même en tombant dans un précipice, je ne sais pas, mais bon... autre chose !

Une ambiance un peu particulière dans ce film, surtout lors des discours de José qui semblent sortir non pas du script mais son esprit tordu, un peu comme s'il en avait profité pour dire ce qu'il ne pouvait pas dire ailleurs. On comprend aussi pourquoi ce réalisateur a, semble-t-il, fait scandale dans son pays, par son anti-cléricalisme prononcé.

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