Christmas Evil

Genre : tuerie bien pendant Noël

Fiche technique

Revue : Michel Pagel

Bon, j'ai pas de pot. Celui-là non plus, je ne peux pas le descendre en flammes. Pourtant, ça partait bien : c'est l'histoire d'un serial killer qui s'habille en Père Noël. A priori, c'est même le film fondateur de ce quasi sous-genre. Tous les autres que j'ai pu voir sur ce thème-là étaient de grosses daubes, donc je m'attendais à regarder les dix premières minutes et à passer le reste en accéléré.
Ben, non.
Je ne vais pas prétendre non plus que ça mérite un Oscar mais c'est authentiquement intéressant, notamment par l'absence quasi totale de clichés du genre.

Bon, je ne vais pas m'étendre indéfiniment, vu que c'est bon. Juste un petit résumé de l'histoire : Larry et Phil, enfants, en compagnie de leur maman, regardent "en cachette" le Père Noël déposer leurs cadeaux devant la cheminée. Quand ils vont se coucher, toutefois, Phil (pourtant le plus jeune) déclare d'un air méprisant à son frère que "le père Noël, c'est papa". Ce que Larry constate quelques minutes plus tard en surprenant ledit Père Noël avec sa mère dans une attitude non équivoque. Cette intrusion de la réalité dans son confortable imaginaire le traumatise : il brise un globe à neige et se coupe volontairement la main avec un des morceaux de verre.
Une vingtaine d'années plus tard, Phil est heureusement marié et a deux enfants. Larry, lui, est une espèce de petit employé minable, seul, responsable d'une chaîne de montage dans une fabrique de jouets. A ses moments perdus, il épie les enfants du quartier et inscrit leur nom, selon leur conduite, dans le Livre des Bons Enfants ou celui des Mauvais Enfants. Il continue d'estimer que Noël est très important, ce qui lui vaut les moqueries de ses collègues. A la suite de divers incidents qui lui rappellent l'incident de son enfance, il pète totalement les plombs, se prend vraiment pour le Père Noël et, tout en apportant des jouets aux enfants qui, selon lui, le méritent, il commence un peu à massacrer des gens qui le méritent aussi.
A la fin, traqué, il se réfugie chez son frère, à qui il explique que c'est sa faute : il a fait tout ça pour lui prouver que le Père Noël existe vraiment. Et il finit par aller se jeter avec sa camionnette du haut d'une falaise (mais lui a l'impression de s'envoler vers la lune, comme le traîneau du Père Noël sur les images).

Disons-le tout net, ça n'a pas grand chose d'un slasher movie. La première scène de meurtre n'intervient qu'après quasiment une heure de projection et il n'y en a qu'une seule autre ensuite. Pas de teenagers stupides qui poussent des hurlements hystériques, pas de poursuites, pas de faux suspense. Larry est aussi peu doué pour être un tueur que pour tout le reste. C'est lui qu'on suit de bout en bout, hormis quelques brèves scènes montrant le ménage de son frère, et le but du film n'est que de décrire sa dégringolade de plus en plus rapide dans la folie, jusqu'à son suicide final qui, là aussi, rompt avec la tradition du meurtrier qu'il faut littéralement atomiser pour s'en débarrasser.

Maintenant, causons un peu de la réalisation. On sent un manque de moyens très net, mais Lewis Jackson tire le meilleur parti du peu qu'il a, optant pour une esthétique quasi "cinéma vérité" qui rend l'ensemble assez crédible. La lourdeur de l'ambiance est renforcée par une musique angoissante à souhait (ce qui inclue les chants de Noël), et l'acteur principal, Brandon Maggart, dans le rôle de Larry, exécute un numéro très convainquant, tout à la fois sympathique, pitoyable et inquiétant. Comme le reste de la distribution fait son boulot correctement, on n'a pas à se plaindre.

Pas un chef d'oeuvre, donc, mais un bon petit film, vraiment, auquel on pourrait reprocher d'être parfois un peu lent (mais pas mou), quoique cela ajoute à l'ambiance lourde de l'ensemble.

Bref, une excellente surprise.

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