Bloody pit of horror

Genre : torture contemporaine

Fiche technique

Revue : Michel Pagel

Ce film a longtemps circulé dans nos supermarchés sous le titre "Le Bourreau écarlate", mais on ne le voit plus trop. Je l'ai récupéré sur un DVD américain, en anglais, avec un doublage absolument calamiteux qui ajoute encore au plaisir.

Le scénario ne va pas nous occuper bien longtemps : un éditeur de romans d'horreur, sa secrétaire Edith, son auteur favori Rick, un ou deux photographes et une nuée de modèles des deux sexes (quoique surtout des femmes, quand même) s'introduisent dans un château médiéval pour y réaliser des couvertures de livres. Le château se révèle habité par un individu mystérieux ayant pour serviteurs des types qui ressemblent à des lutteurs de foire (ils ont même le pull à rayures horizontales). Après avoir refusé d'abriter les arrivants, le proprio change d'avis quand il découvre Edith (sans qu'elle même le voie). Il leur permet de rester pour la nuit et même de prendre des photos, à conditions qu'ils n'entrent pas dans certaines pièces du château, notamment les souterrains.

Evidemment, pas très longtemps après, y a deux petits malins qui s'enfoncent dans lesdits souterrains à la recherche de la cave. L'un d'eux renverse une hallebarde, laquelle fait tomber un sceau en cire fermant un grand sarcophage (en fait une vierge de fer). Dans ce sarcophage, nous a informé un pré-générique hyper cheap, a été exécuté le Bourreau Ecarlate, un malade mental du moyen-âge qui menait une sorte de croisadeà la con pour la pureté. Que le sceau ait sauté signifie que son âme a été libérée, mais ai-je vraiment besoin de le préciser aux connaisseurs en clichés que vous êtes ?

Ensuite ? Ben, ensuite, les meurtres commencent. On comprend assez vite (et puis on s'en doute un peu dès le début, de toute façon, hein ?) qu'ils sont commis par le propriétaire du château, lequel se prend pour la réincarnation du Bourreau Ecarlate et en recommence la croisade contre la perversion, tout en vouant un culte évident à sa propre perfection physique. Il s'agit en fait d'un dénommé Travis, ex-gros bras d'Hollywood et ancien fiancé d'Edith, qui a un jour mystérieusement disparu de la circulation. En fait, il était donc très occupé à devenir complètement marteau.

Bref, je vous la fais rapide : toute l'équipe y passe, à part Rick et Edith, le premier réussissant in extremis à se débarrasser du Bourreau alors qu'il va assassiner la seconde. Et on ne saura jamais si Travis était juste dingue ou si l'âme du bourreau et ce foutu sceau étaient pour quelque chose dans l'affaire.

Le résumé que je viens d'en donner ne peut faire imaginer le degré de fascination qui se dégage de cette chose globalement assez visqueuse. La première demi-heure, on se dit que c'est un peu mou, qu'on a vu ça mille fois, et puis...

Et puis Mickey Hargitay pète les plombs. Ah, Mickey Hargitay, monsieur Jayne Mansfield, dont la masse de muscles impressionnante n'a d'égale que la médiocrité du jeu, mais qui fut paraît-il l'idole d'un certain Arnold Schwarzenegger ! Il joue ici bien entendu Travis, alias le Bourreau Ecarlate. Hors de son beau collant rouge, il est lamentable. Il tente de manière méritoire de se la jouer aristocrate autoritaire, façon Christopher Lee, mais il échoue pitoyablement. Dès qu'il se transforme en bourreau, par contre, il devient fabuleux : ah, il faut le voir huiler ses pectoraux puissants en déclamant des conneries ! Il bondit, il éclate de rire, il grimace, il hurle, il gesticule, toujours en déclamant des conneries. Il en fait des tonnes ! Des kilotonnes ! Des mégatonnes ! Il est parfaitement ridicule, mais nom d'un chien, qu'est-ce que c'est jouissif ! À la fin, démasqué et un brin perforé, il met une plombe à mourir et déplorant la perte de, je cite, "mon corps pur et parfait".

Et puis y a la salle de tortures. Bien achalandée, ma foi, plutôt mieux que dans la plupart des films du genre. J'ai surtout apprécié l'espèce de barbecue médiéval sur lequel l'héroïne se retrouve attachée à plat-ventre pendant que Mickey balance des pelletées de braises en-dessous d'elle comme pour faire griller une vulgaire merguez. Et puis y a aussi l'espèce de tourniquet auquel sont attachées deux jolies jeunes femmes et qui passe de plus en plus près d'épées acérées, lesquelles frôlent (et même un peu plus) les poitrines dardées des victimes. Il y a une très jolie image où une des lames arrache délicatement le liseré de dentelle qui borde un soutien-gorge. Non, au tour suivant, elle n'arrache pas le soutien-gorge lui-même, parce que Mickey arrête la machinerie et décide de passer à autre chose ; d'ailleurs, il n'y a pas la moindre nudité dans le film — mais faut reconnaître que, parfois, ça passe pas loin. Il n'y a pas non plus tellement de sang, à la réflexion, ni de suspense, ni de quoi que ce soit d'autre. Mais ces scènes où Mickey se déchaîne n'en restent pas moins assez incroyables.

Et puis on apprend des choses intéressantes. Savez-vous par exemple qu'un écrivain de romans populaires est capable d'assommer du premier coup un lutteur de foire en lui collant un petit atemi au milieu du dos ? Je veux bien essayer, si quelqu'un connaît un lutteur de foire pas trop susceptible.

Bref, résumons-nous : un budget de trois mille lires, de très mauvais acteurs, un confetti pour le scénario, une grosse araignée en papier mâché, des dialogues hilarants quand ils ne cherchent pas à l'être, consternants dans le cas contraire, des rires diaboliques, des hurlements, des tortures, de jolis décors, de jolies filles en petites tenues, et surtout, un Mickey Hargitay totalement hors-contrôle !

À voir absolument !

Et puis tiens, pour terminer, ma bribe de dialogue préférée :

LA BLONDE IDIOTE DE SERVICE : Mais je ne suis pas qu'une blonde idiote !
LA LANGUE DE VIPÈRE DE SERVICE : Qui a dit que tu étais blonde ?

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