Cody banks : agent secret

Genre : mioche high-tech

Fiche technique

Revue : Philippe Heurtel

La C.I.A. a mis en place dans le plus grand secret des camps d'entraînement (camouflés en camps de vacances d'été) afin de former des agents adolescents. Cody Banks est l'un d'eux : ce garçon de seize ans en apparence comme les autres, qui fait du skateboard et est timide avec les filles, en connaît en réalité un bout niveau close combat ou maniement d'armes et de véhicules high-tech.

Jugeant qu'il est mur pour sa première mission, sa charmante mentor Ronica Miles l'envoie en mission dans une école huppée. Objectif : se "rapprocher" de Natalie, la non moins charmante fille du Dr. Connors. En effet, ce scientifique a mis au point des nanomachines révolutionnaires. Si ses motivations sont idéalistes, les personnes qui financent ses travaux visent ni plus ni moins à détruire le monde.

C'est donc au nom de la défense nationale (nous sommes aux Etats-Unis, donc sauver le monde relève de la défense nationale...) que Cody doit séduire et devenir le petit ami d'une belle blondinette de seize ans. Seulement voilà, le jeune agent secret est d'une timidité maladive avec les filles.

A l'instar de deux autres films assez proches, Spy kids 2 et Top chronos , Cody Banks : Agent secret s'adresse à un public d'adolescents. Comme dans Top chronos, le héros est un adolescent caricaturalement " de son temps " - traduire, il fait du skateboard en virtuose sur fond de musique rock, et essaie de vivre une belle histoire d'amour avec une jolie fille. Comme dans Spy kids 2, le gouvernement forme de jeunes agents secrets, avec toute la panoplie de gadgets jamesbondesques qui va avec, sauf qu'ici les clichés sont volontaires, à volonté parodique et humoristique. Le résultat oscille entre le premier et le second degré.

Ainsi, tous les fantasmes adolescents se trouvent incarnés dans le personnage de Cody Banks : être un jeune exceptionnel (vous savez, le syndrome Clark Kent / Superman : si seulement mon entourage savait à quel point je suis spécial), conduire de belles voitures, épater les filles, se battre comme un dieu, sauver le monde, en remontrer aux adultes qui décidément ne comprennent rien à rien et sont beaucoup trop rigides. L'adolescent utilise lors de sa mission un attribut supposé typique d'adolescent : le skateboard. Bref, tout cela est fort clichéeux, et assez irritant.

Mais comme dans Spy Kids, quoique dans une bien moindre mesure, il y a la parodie de films d'espionnage. L'idée improbable d'une école de jeunes agents secrets est amenée avec suffisamment de désinvolture pour qu'on en rit. Le contraste s'avère amusant. La mission de l'agent consiste à assister à des cours et à séduire une camarade de classe. Pour qu'il puisse s'atteler à sa tâche, des agents de la C.I.A. s'occupent de ses corvées telles que faire le ménage ou promener le chien (il y a dans la débauche de moyens déployés un petit côté Men in black). Tout le personnel de l'agence américaine briefe Cody en matière de drague. Les lunettes spéciales qui permettent de voir à travers les vêtements - très pratiques pour repérer les armes de l'ennemi - sont dotées d'une fonction " Contrôle parental " lorsque Cody reluque des formes plus généreuses que celles des gardes du corps du méchant.

Mais la flopée de gadgets technologiques qui parsèment le film sert plus le côté esbroufe que le côté parodique, et certains gags scato sont plus que dispensables. L'histoire est classique, les personnages prévisibles. On notera l'utilisation par le scénario - mention serait un terme plus juste - des nanomachines, concept assimilé depuis longtemps par la science-fiction littéraire mais beaucoup plus rare au cinéma. Les scènes de destructions commises par ces dernières ne sont guère spectaculaires. Top chronos, série B sympathique, avait le mérite de présenter des idées plus intéressantes et des scènes assez bien réalisées.

Bref, Cody Banks : Agent secret relève à la fois du lard et du cochon : si le lard n'est pas mal, le cochon l'est hélas beaucoup moins. Il en résulte un film pas franchement mauvais, mais complètement dispensable.

Retour à la page BIS