She-freak

Genre : on ne sait pas, on baillait

Fiche technique

Revue : Michel Pagel

Claire Brennen est très jolie, vraiment. Elle a une espèce de sensualité animale qui lui confère une présence intéressante à l'écran. Voilà, nous avons fait le tour des qualités du film. Parce que pour le reste, Claire Brennen, c'est pas Greta Garbo, si vous voyez ce que je veux dire. Bon, c'est pas Mimi Coutellier non plus mais ça s''en rapproche déjà plus. Les autres acteurs sont du même niveau. Le scénario tient en quelques phrases (et il devrait vous rappeler quelque chose) : une fille de la campagne, Jane, qui veut faire fortune, se fait engager comme serveuse à la buvette d'une fête foraine itinérante. Au bout d'une heure durant laquelle il s'est déroulé... fort peu de chose, ma foi, elle couche avec le responsable de la grande roue (hors-écran) qui est grand, beau et fort. Cinq minutes plus tard, elle épouse le propriétaire du spectacle de freaks, qui est moins grand, moins beau et moins fort mais nettement plus riche. Elle continue néanmoins à coucher avec l'autre (toujours hors-écran). Comme elle déteste les freaks, ils le lui rendent bien, et le nain de la troupe finit par dénoncer les amants adultères. Le mari les surprend. L'amant tue le mari et va en prison. Notre héroïne hérite et vire le nain. Tous les freaks s'allient pour la défigurer et elle termine phénomène dans sa propre attraction. Point final.

Bon, outre que c'est un démarquage ignoble de vous savez quoi, c'est quand même pas très charnu, comme histoire. Parce que les éléments ci-dessus ne sont même pas développés proprement. Les personnages sont à peine dessinés. Les freaks, on nous les montre tellement peu qu'il est difficile de compatir à leur sort. Quant à l'héroïne, avec son amour du fric et sa haine du freak, elle est tellement antipathique qu'on se fout un peu de ce qui lui arrive. En plus, comme ça, je dirai qu'une bonne moitié du métrage est consacrée à des scènes "de liaison" durant lesquelles la caméra se balade dans la fête foraine, cadrant une attraction par ci, un manège par là, ou bien filme les forains en train de monter les manèges, puis en train de démonter les manèges, puis en train de les remonter, puis... Quant aux scènes qui font avancer l'action, une bonne partie d'entre elles ne sont pas dialoguées : on voit les personnages parler, mais tout ce qu'on entend, c'est une espèce de soupe jazzy à la guimauve.

En plus, c'est mal filmé et très mal monté.

Marrant : c'est une production Dave Friedman, qui est célèbre pour avoir produit d'une part les premiers films gore (pas inintéressants, et en tout cas rigolos) de Herschell Gordon Lewis, et d'autre part toute une série de polissonneries (pas toujours inintéressantes et souvent rigolotes) genre "L'Éperon Brûlant" ou "Les Chevauchées amoureuses de Siegfried" (avec Michel Strogoff — l'inénarrable Raimund Harmstorf). Eh bien "She-Freak" ne contient ni gore ni cul et se débrouille pour être inintéressant et pas rigolo pour deux ronds. C'est cheap, ce qui n'est pas un problème, c'est déplorablement mal fait, ce qui n'en est pas forcément un non plus, mais c'est surtout terriblement emmerdant de bout en bout, et ça, c'est impardonnable.

Circulez !

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