Night of the bloody apes

Genre : savant fou et bête humaine

Fiche technique

Revue : Michel Pagel

- Alors, Rene, tu l'as, l'idée de ton prochain film ?
- Ben, oui, j'avais pensé à une histoire de catcheuses, avec un savant fou.
- Encore ?
- Ben, oui.
- Tu crois pas qu'on en a un peu ras le bol ? Maintenant, ce qu'ils veulent, les gens, c'est du sexe et du sang.
- Madre de Dios, mais si y a que ça, je peux en rajouter, du sexe et du sang. Avec le savant fou et les catcheuses.
- Le savant fou, t'es sûr ?
- Ben, oui, justement, j'ai récupéré du métrage d'opération à coeur ouvert. Là, y a du sang, je te raconte pas
- Bon, d'accord pour le savant fou. Mais les catcheuses, franchement. Ou alors, tu les fous à poil.
- Ben, oui, mais y en a une qui veut pas.
- Alors, t'engages que l'autre !
- Une seule catcheuse ? Mais c'est contraire à toutes les...
- C'est nouveau ! C'est l'avenir !

Vous l'aurez compris : nous sommes au Mexique.
Ça commence par un match de catch féminin. Lucy, celle qui semble être notre héroïne mais qu'on verra finalement fort peu en dehors du ring, blesse gravement son adversaire qui se retrouve avec un éclat d'os dans le cerveau. Lucy, précisons-le, est la petite amie du lieutenant de police local. Parallèlement, nous assistons aux tourments d'un médecin dont le fils, Julio, est atteint d'une leucémie incurable. Le médecin possède un assistant boîteux, du nom de Goyo, avec lequel il a cet échange remarquable (et authentique, contrairement à celui ci-dessus) :

MEDECIN : Son sang n'est pas assez fort pour vaincre la maladie. Mais j'ai trouvé la solution. Je vais lui transfuser du sang de gorille, bien plus puissant.
GOYO : Mais vous croyez que son corps pourra supporter ça ?
MEDECIN : Pour l'instant, non. Mais une fois que je lui aurai greffé le coeur du gorille...
LE SPECTATEUR : Euh...

Ensuite, on a droit à un combat de catch de Lucy, qui perd, car elle a peur de blesser un nouvel adversaire. Ensuite, on passe au zoo, la nuit, où on nous montre le médecin (j'ai oublié son nom, bordel ! Appelons-le Papa) et son assistant, munis d'un fusil à fléchettes. On nous cadre une cage habitée par un orang-outang. On revoit les deux rôdeurs. On revoit l'orang-outang. Papa épaule et tire... mais pas sur l'orang-outang : sur un figurant recouvert d'un costard de gorille qui se trouve dans une tout autre cage. Mais alors, cet orang-outang ? Oh, faites pas chier, c'était les seuls stock-shots de singe en cage dont on disposait, c'est tout. Ensuite, on a droit à l'opération à coeur ouvert. C'est du vrai. Personnellement, j'en ai profité pour faire la pause-pipi mais chacun ses vices.

Ensuite, Papa est appelé à l'hopital pour soigner la catcheuse blessée au début, parce qu'en plus de savoir faire des greffes du coeur, c'est un grand spécialiste du cerveau, faut croire. La pauvre fille reste entre la vie et la mort.

Pendant ce temps-là (non, je n'ai pas décidé de commencer tous mes paragraphes par "ensuite"), il arrive a Julio ce qui arrive à quiconque se voit transfuser du sang de gorille dans une série Z : il se transforme en homme-gorille. C'est à dire qu'on change l'acteur pour en prendre un plus gros et qu'on lui colle sur la tête une espèce de masque très laid, vaguement simiesque. Il s'échappe du labo de Papa, erre un peu, s'introduit dans un appartement où une jolie dame achève de prendre sa douche, la viole (!!!) puis la tue de manière très sanglante. Ensuite (hé hé), il est récupéré par Papa et Goyo grâce au fusil à fléchettes.

Bon, sur l'autre front, le flic demande à Lucy de l'épouser et d'abandonner le catch après son prochain combat. Elle accepte et, d'enthousiasme, gagne le combat en question.

J'abrège. L'enquête commence. Julio s'échappe une seconde fois. Il agresse un couple d'amoureux qui se bécotte sur un banc public et égorge le monsieur avec les doigts (c'est assez dégueulasse). Puis il se lance à la poursuite de la dame, qu'il rattrape en quelques enjambées alors qu'elle aurait eu le temps de parcourir deux bornes, et il la viole mais celle-là, il ne la tue pas ! Pourquoi ? Pour qu'elle puisse aller donner l'alerte, bien sûr, et déclencher la grande scène des recherches policières, avec Papa et Goyo qui traînent aussi dans le coin. Scène qui ne débouche d'ailleurs sur rien, puisque le monstre est récupéré par les méchants sans coup férir.

Pourquoi dis-je "les méchants" ? Pour l'instant, ils sont juste un peu cons mais on comprend les motivations de Papa. Certes, certes, mais voyant qu'il a fait une connerie et que l'organisme de Julio ne supportera jamais le coeur de gorille, Papa décide de lui re-greffer un coeur humain, ce qui arrangera tout. Ah ? Ahem... et on aurait pas pu lui laisser celui qu'il avait, alors ? Et puis quid de la leucémie, maintenant ? Et puis... Ta gueule : CDLS. Bon, d'accord.

Et quel coeur choisissent-ils ? Celui de la catcheuse blessée, qu'ils vont enlever à l'hôpital : la scène est géniale. Figurez-vous que la chambre de la nana est au rez-de-chaussée, que la fenêtre est à guillotine, qu'elle donne sur un terrain vague, et qu'on a pris soin de poser une chaise juste en dessous, afin que les gens qui arrivent par là puissent entrer sans faire d'acrobaties.

Arrivée au labo, préparation de l'opération, vision charmante de la poitrine nue de la dame et... re-opération à coeur ouvert ! Excusez-moi, je vais vomir, je reviens. Une nouvelle fois, l'opération réussit, et Julio se retransforme en lui-même.

Mais ça ne dure pas. Peu de temps après, pour une raison qui m'échappe, il redevient le monstre (en pyjama violet, ce coup-ci) et arrache la tête de Goyo en un effet spécial absolument pas convainquant. Pendant ce temps-là, notre lieutenant patrouille, et comme il s'ennuie et qu'il n'y a après tout qu'un horrible monstre violeur et tueur en liberté, il demande à sa fiancée de venir le rejoindre (et ce par l'intermédiaire du standard du commissariat, ce qui tend à prouver que la discipline dans la police mexicaine n'est pas aussi inflexible qu'on pourrait le penser). C'est à cette occasion que nous profitons des charmes de la jolie Lucy (peu et brièvement).

Et puis quoi ? Tous ces personnages se retrouvent au même endroit et le monstre finit par être abattu, que voulez-vous que je vous dise. Fin.

L'aspect décousu de l'histoire ci-dessus n'est pas de mon fait, je le jure. Ça se déroule n'importe comment, dans n'importe quel ordre. Ça n'est pas réellement mal filmé, mais de la manière la plus plate, la moins imaginative qui soit. Les décors sont spartiates et déserts. L'histoire est parfaitement ridicule. Le fait que l'héroïne soit catcheuse n'a aucun intérêt pour l'histoire, vu qu'elle ne se bat même pas avec le monstre, si bien que les trois combats présentés à l'écran sont d'une gratuité totale. Le fait que Julio, une fois transformé, se mette à violer les jolies filles n'est justifié à aucun moment, et on en arriverait à croire que ces scènes n'ont été insérées que pour montrer une paire de seins de temps en temps (mais ça ne peut pas être ça, hein ? Rassurez-moi.)

Le film a aussi été distribué sous le titre "Horror y Sexo". Pour le sexo, y a pas de quoi grimper au plafond: quelques poitrines nues par ci par là, point final. Les viols commis par le monstre ne sont pas filmés au-delà de l'empoignade initiale. Côté horror, par contre, faut reconnaître qu'il y a la dose, par rapport aux autres films de catcheurs mexicains que j'ai pu voir. Les effets spéciaux sont affreusement ratés, pour la plupart, mais y a des chairs arrachées, des yeux éjectés de leurs orbites et des tonnes de peinture rouge. C'est très rigolo. Mais le pire, c'est quand même les images chirurgicales, parce que là, les effets spéciaux sont parfaitement réussis, merci, et c'est pas rigolo du tout.

Bref : ultra-cheap, suant l'incompétence par tous les pores, The Night of the Bloody Apes est un nanar de grande classe, parfaitement désopilant.

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