La guerre du fer

Genre : ougah, ougah

Fiche technique

Revue : Marc Madouraud

Comme vous avez tous été sages, voilà une belle histoire préhistorique comme on les aime (pas).

LA GUERRE DU FER

D'emblée, nous nous retrouvons en pleine préhistoire. La preuve, c'est que tout le monde est habillé de peaux de bêtes, et que la tribu chez laquelle nous atterrissons vit dans une caverne. Et comme dans la caverne il n'y a ni télévision, ni machine à laver la vaiselle (normal, puisqu'ils n'ont pas de vaisselle), on peut logiquement en conclure qu'on est à la préhistoire.

Mais, voilà, dans la tribu ils ont un gros handicap : d'énormes perruques longues, des tignasses touffues et hirsutes. C'est plus des moumoutes, vu l'époque, ce seraient plutôt des moummouths ! Donc on va les appeler comme ça. Même que les plus chétifs de la tribu, comme le maigrichon Jacques Herlin qui joue le sorcier, font encore plus rikikis sous leur postiche. Normal, car comme disait la vieille pub, "Moummouth écrase les p'tits" !

Dans cette tribu, il y a le héros, nommé Ela. Vu ses muscles saillants, on sait que c'est un culturiste. Et il a du mérite, le gars, d'être un culturiste, car à mon avis y'avait pas d'haltères à l'époque. D'un autre côté, faut être bien bâti pour supporter la moummouth qu'il a, ainsi que son jeu aussi léger qu'un mur en béton armé.

Comme il s'appelle Ela, moi je déduis que la tribu s'appelle les Sékois, si j'en crois la chanson de France Gall. Elle disait pas, France, ceci : "Ela, Ela, (ouh ouh !), ce jeune Sékoi" ? Donc ce sont des Sékois.

Et je sais aussi le nom de son père, même si on en parle pas dans le film : Gérald. Ben oui, France Gall elle parlait pas aussi de "Ela fils de Gérald" ?

L'autre personnage important de la tribu, un colosse barbu et mauvais, joué par Luigi Montefiori. Enfin, George Eastman, comme ils disent. Et il a une grande chance, Luigi, c'est le seul à pas à avoir de moummouth. Avec sa tronche, il a dû lui faire peur et la pauvre moummouth a dû se barrer en faisant "kaï kaï kaï !" Comment il s'appelle, dans le film, le méchant barbu ? Mais non, pas Oussama : son nom est Voud !

Franchement, Voud, il est pas du tout gentil. D'abord, il tue son père, le chef de la tribu. Et quand il veut lui succéder et que le sorcier regimbe, il tue aussi le sorcier. Tant mieux, comme ça Jacques Herlin aura pas été ridicule trop longtemps avec son pagne et sa moummouth grise. En tout cas, Ela provoque Voud et le bat en combat singulier (enfin, pas si singulier que ça, ça devait plutôt être normal à l'époque).

Voud est chassé de la tribu et va se balader près du volcan voisin qui est en pleine éruption. Pourquoi il va près d'un volcan qui vomit sa lave au lieu de trouver un coin tranquille ? Ben s'il avait fait quelque chose de plus intelligent, y'aurait pas eu de film, voilà pourquoi. Z'en avez des questions bêtes, vous !

Il évite de peu d'être grillé à la lave incandescente quand la pluie tombe soudain et le volcan se calme. Fortiche, la pluie, pour calmer un volcan. En tout cas, Voud découvre, en plein sol, un curieux cadeau laissé par le volcan, dans une matière encore chaude qu'il ne connaissait pas : un objet en fer ! Même que le truc en question est long et tout plat, et a la forme d'une épée. Vous ne direz pas qu'il a pas du pot, Voud, non ? Ca aurait eu la forme d'une machine à coudre ou d'une binette, qu'est-ce qu'il en aurait foutu, hein ?

A peine il s'est amusé avec son nouveau jouet, qu'il tombe nez à mufle avec un lion. Là, Voud, il fait pas dans son pagne et affronte le bestiau, qu'il trucide avec son épée. A ce moment, surgit une grande brune qu'on ne saura jamais d'où elle vient vraiment, et qui lui annonce qu'il a un grand destin : son dieu l'a doté de l'épée pour qu'il devienne un grand chef. Et pourtant, la brune, elle ressemble moins à Elizabeth Teyssier qu'à une dominatrice pour séance sado-maso, mais il la croit quand même.

Aussi Voud, convaincu, rentre dans sa tribu pour accomplir sa destinée qu'elle va être grande, comme elle l'a dit la grande brune.

Là, ni une ni deux ; je sais ce qui a dû se passer. Tous les autres acteurs ont dû se mettre en grêve et ont réclamé au réalisateur : "Ma ché, Oumberto (c'est Umberto Lenzi qui dirige), nous on a tous des moummouths ridicoules, alors qué Louigi il a rien. Faut trouver une commpensazionne, sinon, nous, on réfouse de reprendre lé boulot".

Alors, Umberto, pour imposer la paix sociale, il a dit à Luigi : "Bon, t'auras pas de moummouth, mais tou vas porter sur la testa lé crâne dou lionne que tou es censé avoir toué. " Et comme y'avait pas de lion empaillé dans le coin qu'ils auraient pu piquer, ils ont été obligés de fabriquer un truc informe en peluche, qui ressemble plus à une tête de rat jaunâtre avec plusieurs crinières de cheval attachées.

Mais, comme Luigi c'est pas n'importe qui, il arrive même à pas être trop grotesque et à en imposer malgré sa tête de lion en peluche.

Bon. Ela tente de chasser Voud, mais, avec son épée, Voud casse en deux le manche de bois de la hache d'Ela et le vainc facilement. Toute la tribu des Sékois tombe alors sous son charme (z'ont pas envie de se faire entailler la couenne, faut dire) et jure de lui obéir.

Ela est alors attaché et abandonné en plein pays des hommes-singes. Mais comme c'est un culturiste, il arrache ses liens, et comme c'est le héros, il casse la gueule à deux-trois hommes-singes, d'abord à coup de tatane dans le museau, puis avec un bâton. Faut dire que les hommes-singes sont plutôt mollassons, car il suffit de leur filer un revers de bâton dans le bide pour qu'ils s'étalent pour le compte. Y devait pas y'en avoir de plus costauds en stock.

Libre, Ela se met à baguenauder dans la forêt et rencontre une superbe blonde nommé Isa. C'est marrant, moi aussi j'ai souvent marché dans des forêts, mais j'ai jamais trouvé de belles blondes à demi-dévêtues, seulement des champignons ou des marrons par terre, voire un gros caca de diarrhéique à bout de résistance au pied d'un arbre... Lui aussi il a de la chance (Ela, pas le diarrhéique).

Isa raconte que sa tribu habite à une journée de marche. Moi je me demande alors pourquoi elle est venue jusque là, alors qu'il n'y a que des hommes-singes pas franchement hospitaliers dans le secteur ! Elle aurait répondu à l'appel de la foufounette sauvage le soir au fond du pagne ? On le saura jamais.

Donc Isa conduit Ela dans sa tribu. Elle le présente à son père, qui est aussi le chef de la tribu : Mogo, interprété par un William Berger qui a eu aussi droit à sa moummouth. Mogo explique que dans sa tribu ils sont tous pacifiques et ne veulent pas faire couler le sang. Car, comme il dira plus tard, les armes, ça peut donner la liberté, mais ça peut aussi tuer. Un grand philosophe, quoi.

Moi, je suis émerveillé que Berger et son troupeau - c'est le cas de le dire - ils soient tous pacifiques, car ils auraient droit d'être un peu en rogne avec les moummouths qu'ils ont. Zen, les mecs.

Pendant ce temps, Voud, nouveau chef de tribu, a exposé son programme : il va construire d'autres épées comme la sienne et, une fois armés, ses hommes vont aller conquérir d'autres tribus pour en faire des esclaves. Le fer, c'est la clé de Voud, en quelque sorte.

Alors ils vont jusqu'au volcan, et récoltent du minérai pour faire des épées. Car Voud, finalement, il est pas si con que ça, il sait exactement comment faire pour produire du fer. Fer d'épée (quoique, fer d'épée, c'est pas si difficile, surtout si on a mangé un cassoulet avant... mais c'est vrai qu'ils connaissaient pas le cassoulet, à la préhistoire).

Alors, dans la grotte, ils commencent à faire des épées et des épées. Ils ont alors du fer à ne savoir qu'en foutre (et pas le contraire). Même heureusement que Voud est orphelin maintenant, parce qu'à force d'empiler son vieux fer...

A partir de maintenant, Voud et ses guerriers vont attaquer tous les villages des environs. Grâce à leurs épées, ils gagnent facilement à chaque fois. Et Voud est vraiment impressionnant, malgré sa tête de lion, car Luigi il ouvre tout bien grand les yeux pour montrer qu'il est fou, comme quand il jouait "Anthropophagous" et qu'il becquetait tant des foetus que ses propres tripes.

On a alors droit à plein de scènes de bataille pendant lesquelles les Sékois utilisent leurs épées rudimentaires pour tronçonner du villageois apeuré, en faisant bien gaffe à ne pas taper sur les moummouths, de peur qu'elles tombent et s'échappent traîtreusement.

Tous les hommes qui n'ont pas été tués sont alors transformés en esclaves, chargés d'aller récupérer du minerai pour faire d'autres épées. Et ainsi de suite, les Sékois envahissent peu à peu toute la vallée.

Les Sékois finissent par s'attaquer à la tribu des pacifiques, alors que Mogo, Ela et quelques hommes s'étaient éloignés du village. A peine vaincus, les partisans de la non-violence sont aussitôt obligés de bosser pour leurs adversaires. Voud laisse quelques hommes sur place et repart avec le reste de ses combattants. La grande brune, on ne sait trop pourquoi, est restée aussi et en profite pour maltraiter la pauvre Isa. Pauvre spectateur, aussi, qui n'a même pas droit à son combat de catch féminin dans la boue, scène qu'il aurait pu espérer à ce moment-là.

Mogo et les autres, impuissants (enfin, vous voyez ce que je veux dire), se réfugient dans une caverne et y sont attaqués par des sortes de brutes lépreuses, avec des maquillages craspec empruntés aux morts-vivants pourris style "La Terreur des zombies", et qui n'ont strictement aucun rapport avec l'histoire (c'est peut-être effectivement pour réutiliser des zombies d'un autre film, qui sait ?) Ela les bousille facilement à coup de torche enflammée, mais comme Mogo dit sentencieusement qu'ils sont contagieux, sans qu'on connaisse leur maladie (Tchernobyl avait pas pété à l'époque, et pour cause), la petite troupe déménage de la grotte.

Ela parvient à convaincre ses compagnons d'user de violence envers Voud et ses sbires, mais Mogo, fidèle à ses idées, refuse et part de son côté. C'était pas une bonne idée, car il est intercepté par des porteurs d'épée qui, devant son refus de leur obéir, le butent aussi sec.

Comment libérer les villageois ? Ela a la réponse : il fait fabriquer à ses amis quelques armes rudimentaires, puis ils pénètrent silencieusement dans le village où ils tuent un par un les hommes de Woud, non sans récupérer à chaque fois les précieuses épées. Ela transperce d'ailleurs quelques adversaires avec une épée en fer qu'il s'est attribué, juste pour se faire la main.

Bon, c'est pas tout. Maintenant, comment vaincre tous les hommes de Voud alors que soi-même on est pas très nombreux ? Heureusement, Ela, il a aussi une idée de génie : il invente le principe de l'arc. Et non seulement il invente l'arc, mais il invente aussi les flèches, ce qui est assez utile quand on a un arc, vous en conviendrez. Car, franchement, si on avait imaginé l'arc sans créer les flèches, on aurait eu quoi ? Une harpe à une corde ? Et même que Ela sait s'en servir, et qu'il apprend la méthode à toutes les femmes présentes.

Alors Ela, qui est décidément beaucoup moins stupide que son air de culturiste repu le laisse supposer, propose à Voud, par grande brune interposée, un duel. Evidemment, il sait que Voud va pas venir tout seul, mais il les attend.

Effectivement, Voud vient avec toute son armée, mais comment y sont pas reçus, les gars ! C'est pas la séance whisky - apéricubes, pour la réception ! Toutes les gonzesses du village leur balancent des flèches et, incroyable, elles butent la moitié des assaillants, l'autre moitié s'échappant à toutes jambes, au risque de faire tomber leurs moummouths.

Reste Voud. Survient évidemment le grand combat entre le géant barbu (qui s'est débarrassé quand même de sa tête de lion, car Luigi a dû gueuler : "Ma ché si jé dois encore porter cetté mierda, jé tourné pas la scène finale !") et le moummoutheux musclé. Voud a beau cogner comme un sourd, en écarquillant de plus belle ses mirettes, il finit par se prendre de la ferraille dans les tripes et à défunter.

Alors, la tribu peut revenir à la paix qu'elle avait quitté contre son gré. Et pour ne pas oublier que les armes ça peut donner la liberté mais que ça peut tuer aussi, comme avait dit si pertinemment Mogo, tous les instruments contondants (même les ciseaux, pour éviter que les hommes deviennent con-tondus ?) sont jetés dans le lac qui borde le village. Ela pourra faire plein de moummoutheux à sa copine Isa...

Voilà pour cette belle histoire morale autant que préhistorique. Finalement, étant donné le budget, l'ami Umberto s'est pas trop mal tiré de son sujet casse-gueule, qu'un producteur inconscient lui avait imposé en voyant le succès de "La Guerre du feu" de Jean-Jacques Annaud. Faut dire, Umberto, il a l'habitude. Les films de cannibale sont à la mode ? Il tourne "Mangiati vivi" et "Cannibal Ferox". Et il a fait la même chose pour les films sur la maffia, les zombies, les tueurs à l'arme blanche, etc.

Question acteurs, George Eastman domine ses camarades de la tête et des épaules. Enfin, comme il est le plus grand, il a pas de mal, direz-vous. Mais c'est vraiment le comédien rêvé pour le rôle.

Toutefois, finalement, le top de "La Guerre du fer", c'est peut-être les dialogues. Car des répliques comme "L'aigle ne s'abaisse pas à chasser le serpent, sauf quand il sort du bois", comme dit Voud en évoquant Ela, vous en avez entendu souvent, vous ?

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