Rawhead Rex

Genre : Monstrus Nanarum Fagotis

Fiche technique

Revue : Damien Massart

De "Rawhead Rex", je conservais des souvenirs nébuleux remontant à la première diffusion du film sur Canal Plus, il y a de cela une quinzaine d'années. Les zones d'amnésie dont notre mémoire est truffée ont ceci de commode qu'elles nous permettent de retrouver un regard neuf: autant vous dire qu'en insérant dans mon lecteur le DVD vendu avec le dernier numéro de Mad Movies, je pénétrais en territoire redevenu quasi inconnu!

Ce "monstre de la lande" parviendrait-il à me faire goûter "la terreur à l'état pur" comme le proclamait, un rien présomptueuse, la jaquette, ou bien le film de Pavlou allait-il s'avérer n'être qu'une énorme baudruche racoleuse utilisant le label "Clive Barker", auteur du scénario, pour essayer de se hisser au dessus du niveau de flottaison d'un (mauvais) film de série B? Je vous le dis tout de go: de suspens il n'y eut point puisque dès les premières minutes du film je fus conforté dans la certitude, un tantinet désabusée il est vrai, d'être en présence d'un authentique nanar "de derrière les fagots": le genre de film que l'on regarde avec des yeux incrédules, comme on le ferait d'une bouteille de Beaujolais nouveau retrouvée dix ans après dans un recoin obscur de sa cave, en se disant "comment est-ce possible"? Mais assez digressé: il est temps d'entrer dans le vif de ce "Rawhead Rex"!

Bon, le film commence avec l'arrivée du héros, qui roule à toute berzingue au volant de sa voiture sur de petites routes sinueuses, "quelque part en Irlande" (on ne saura jamais où). Howard Hallenbeck (c'est son nom), est Américain. Il est aussi historien et, accessoirement, écrivain, et s'il est venu dans ce coin paumé d'Irlande, c'est pour rassembler de la documentation en vue de rédiger un ouvrage consacré à la "persistance des mythes pré-chrétiens" dans certaines zones rurales, comme il l'expliquera un peu plus tard au pasteur du village (mais là j'anticipe). Justement ça tombe bien tiens puisque dans un champ qui jouxte la route, trois autochtones "pur jus" sont en train de libérer accidentellement une créature monstrueuse, "enterrée là depuis la nuit des temps". Et comment font-ils donc allez-vous me demander? Hé bien ils font ce que tout citoyen normal ferait pour occuper ses loisirs: ils tentent de déraciner un menhir à l'aide d'un tracteur et de quelques outils parmi lesquels on reconnaît un râteau à herbe et une pioche. On leur conseillerait plutôt d'appeler Obélix à la rescousse, mais lorsqu'il s'agit de bousiller le patrimoine archéologique, l'Irlandais est tatillon: il tient à faire ça lui-même! Vous en conviendrez, ce n'est pas très futé, d'autant que le menhir en question est un menhir tout ce qu'il y a de plus honnête, taillé dans de la bonne roche d'Irlande, et utile avec ça, puisqu'il emprisonne un monstre maléfique enterré sous sa base! En tout cas le fermier ne semble pas de cet avis, qui s'escrime comme un beau diable à essayer de déraciner ce pauvre menhir qui ne demandait qu'à rester en place! Là, on se dit que le type est peut-être impuissant, ce qui expliquerait l'énergie considérable qu'il déploie à vouloir flanquer par terre ce symbole phallique qui défigure son champ et le confronte à cette part amputée de lui-même, mais ce serait sans doute pousser l'analyse (et le bouchon) un peu loin aussi se gardera-t-on de réfléchir aux raisons profondes qui poussent ce brave homme à vouloir abattre ce menhir: il le fait parce qu'il veut le faire, un point c'est tout!

Après le départ de ses deux acolytes, partis manger, (entre-temps, Howard Hallenbeck est arrivé au village et prend des photos de l'église pendant que sa femme et ses deux enfants poireautent sous la pluie et qu'à l'intérieur des paroissiens encouragent un certain "Louya" - "Allez Louya, allez Louya" qu'ils braillent tous -) notre fermier hystérique se remet dare-dare à l'ouvrage et réussit en un rien de temps à faire vaciller un menhir qui dix minutes plus tôt ne bronchait même pas sous les coups de boutoir d'un tracteur. Il faut dire qu'entre-temps le vrai menhir - celui du début - a été remplacé par un menhir en polystyrène pas ressemblant du tout que notre homme semble avoir toutes les peines du monde à faire tenir debout comme en attestent les balancements inquiétants de l'objet. A cet instant, un effet spécial remplit le ciel de gros nuages noirs qui se mettent à cracher une pluie d'éclairs; on tremble pour notre homme resté au pied du menhir, mais pas démonté du tout celui-ci continue à creuser et à saper, suffoquant juste un peu à cause des fumigènes de stade qui s'échappent du sol. A cet instant crucial, un éclair plus malin que les autres touche le sommet du menhir, qui se met à rougeoyer comme un charbon incandescent (ndla: c'est le même effet spécial que dans "Les Envahisseurs", quand quelqu'un se désintègre). Projeté au sol, notre brave fermier se relève juste à temps pour voir le monstre qu'il vient de libérer accidentellement surgir d'une cavité située sous le menhir et se dresser au milieu des éléments déchaînés (effet dramatique).

Le masque en latex qu'il porte, et que l'on identifie comme tel au premier coup d'oil, ressemble à ces trucs que l'on peut louer pour quelques Euros dans les magasins de farces et attrapes, et vu l'indigence du film (photographie anémique, acteurs fantomatiques - mention spéciale à Kelly Piper, qui "joue" le rôle de l'épouse d'Hallenbeck - décors de merde, etc.), on se dit que c'est peut-être bien dans ce genre d'endroit que les responsables (j'allais écrire "coupables") des effets spéciaux sont allés pêcher la caboche de la bestiole... Car Rawhead (c'est le nom du démon) n'est pas seulement raté: il est grotesque. Imaginez un croisement de Léo Ferré avec un sanglier auquel on aurait greffé la dentition du loup-garou de Londres et vous aurez une petite idée du phénomène. C'est bien simple, Rawhead, c'est le Tchernobyl du maquillage; un accident cosmétique d'un niveau sans équivalent sur l'échelle du nanar. A côté d'une telle gueule de massacre, John Merryck ressemblerait presque à Tom Cruise! Enfin, j'exagère peut-être un peu là... NB: En consultant l'IMDB, j'ai vu qu'un certain Heinrich von Schellendorf avait "joué" Rawhead. Ce fut là son seul rôle; sans doute s'est-il suicidé après le film. On le comprend.

Bon allez la suite.

Après être sortie de la nuit des temps, la chose - enfin Rawhead - se dit qu'elle casserait bien la croûte car, tout de même, c'est fatigant de dormir pendant des siècles. Ca tombe bien puisque le dîner est servi sous la forme du fermier destructeur de patrimoine architectural, fermier qu'elle se dépêche d'occire avant de se mettre en route d'un pas pesant vers la forêt toute proche. Au passage, on remarque que Rawhead porte des rangers militaires. J'avais déjà vu une goule porter des tongs (dans "The Ghoul", avec Peter Cushing), mais un démon celte en rangers, j'avoue que ça m'en bouche un coin...

Pendant ce temps là, dans l'église, il se passe des drôles de trucs. Tout d'abord, l'un des vitraux qui, accrochez vous bien, représente... Rawhead, se met à étinceler bizarrement et darde une sorte de rayon laser rouge en plein sur la figure du bedeau, qui dirige la chorale des supporters de Louya. Au même moment, une bonne femme qui installait un bouquet de jonquilles sur l'autel se met à hurler des trucs pas catholiques du tout, frappée d'hystérie. Du coup tout le monde arrête d'encourager Louya et se précipite vers elle. Ses mains sont toutes brûlées. Une musique de circonstance nous indique qu'il faut avoir peur.

Mais que fait donc Rawhead pendant qu'à l'église c'est le boxon? Hé bien il n'a pas perdu son temps le gaillard! Rester enseveli sous un menhir pendant des siècles, ça l'a comme qui dirait rendu légèrement agressif. Comprenez par là qu'il a envie d'assouvir sa vengeance. Mais comme les villageois qui l'avaient emprisonné sont tous morts, il va s'en prendre à leurs descendants. Logique. Il commence donc par défoncer la porte d'une grange, puis la gueule de son propriétaire, venu voir ce qui se passait, avant d'entrer dans la ferme et de dévaster la cuisine, tuant une demie douzaine d'oufs, trois tranches de bacon, un paquet de farine et un plat de bouf bourguignon qui ne demandait qu'à mijoter tranquillement. A la fin de cette scène, un plan fixe d'environ trente secondes sur un paquet de pâtes en train de se vider de ses entrailles sur le sol de la cuisine nous indique que ça a chauffé dur. Profitant de ce que Rawhead était en train de tout casser dans la cuisine, l'épouse du fermier, qui est enceinte, en a profité pour filer en douce jusqu'au grenier, espérant ainsi échapper à l'ire du monstre assoiffé de vengeance. Mais c'est peine perdue parce que Rawhead la retrouve quand même. Après avoir mis sa robe en lambeaux et dénudé son ventre, le monstre décide de l'épargner en découvrant qu'elle est enceinte. Là on se dit qu'il n'est pas si mauvais bougre que ça le Rawhead; il ose même une caresse timide sur le ventre de l'épouse gémissante avant de redescendre les escaliers à toute vitesse et de disparaître dans la forêt, non sans oublier d'emporter le mari comme casse-croûte en le traînant par une jambe. C'est bien beau de faire le gentil quand on est un monstre mais faut quand même pas perdre de vue les choses essentielles!

Voilà. Si j'ai été aussi long à résumer le premier quart d'heure du film c'est parce qu'ensuite il ne se passe plus rien qui mérite d'être raconté. Le chef de la police découvre le corps du fermier près du menhir (inexplicablement remis en place), l'épouse enceinte traumatisée, et comprend que pour une fois les braconniers sont en dehors du coup. Entre-temps le bedeau qui avait été frappé par le rayon laser sorti du vitrail est entré en contact télépathique avec Rawhead et considère la chose comme son nouveau maître. A partir de là, il va devenir de plus en plus méchant. Howard Hallenbeck (souvenez-vous, c'est le héros qui roulait à toute berzingue au début de ce résumé) continue quant à lui à décortiquer les registres de la paroisse et reconstitue peu à peu l'histoire du "monstre de la lande". Un soir, en sortant prendre l'air pour éviter de devoir faire l'amour à son épouse (tout être humain de sexe mâle ayant aperçu le physique de Kelly Piper comprendrait facilement les raisons de cette débandade), Hallenbeck s'égare dans la forêt pleine de brume et de cris inquiétants tandis qu'au même moment, à quelques centaines de mètres de là un couple d'adolescents venus flirter à l'abri d'un tronc creux s'apprête à se faire massacrer par Rawhead. Pourquoi je vous raconte ça? Ha oui, pour vous dire que dans l'intervalle, les responsables des effets spéciaux ont sans doute retrouvé la pile qui allait avec le masque de Rawhead, dont les yeux brillent à présent dans l'obscurité. Donc, muni de sa nouvelle paire d'yeux phosphorescents, Rawhead attaque les adolescents. La fille parvient à fuir mais son petit ami a moins de chance et se fait trucider sous les yeux de son petit frère qui l'avait suivi jusque là en pyjama en espérant se rincer l'oil. Là le film prend une dimension moraliste inédite: "regarde ce qui arrive quand on traîne la nuit en pyjama au beau milieu d'une forêt effrayante remplie de brume et de cris d'animaux inconnus" semble dire au gamin l'oil douteux de Rawhead (une seule loupiote fonctionnait à cet instant) tandis que le monstre dévore son grand frère...

Un peu plus tard, en retournant à son hôtel, Howard Hallenbeck tombe nez à mufle avec Rawhead. Sans doute parce qu'il s'agit de l'acteur principal du film, la chose ne le tue pas. Mal lui en prend car Hallenbeck s'en va illico tout cafter à la police, jurant ses grands dieux qu'il vient de croiser "quelque chose qui n'était pas humain". Évidemment les flics ricanent devant cet amerloque citadin qui pense avoir vu un monstre. Quelqu'un lui demande si la chose qu'il a croisée n'était pas une vache et fait rire ses collègues. C'est le boute en train du groupe ce gars là; à côté de lui Jean-Marie Bigard ressemble au Pape en train d'ahaner laborieusement son discours de Noël! N'empêche que quelques vannes plus tard Hallenbeck lui cloue le bec en prononçant cette phrase admirable: "je ne sais pas ce que c'était. Mais c'était là".

Et toc.

Encore plus tard. Après que le bedeau, qui commence à devenir sacrément méchant, a écrasé son beau Polaroïd tout neuf dans l'église (il était en train de photographier les vitraux), Howard Hallenbeck décide de quitter le village (dont on ne connaît toujours pas le nom), considérant que cette fois, ça commence à craindre méchamment. On comprend son raisonnement: un démon celte en liberté passe encore, mais un bedeau qui vous bousille un Polaroïd tout neuf, non là vraiment madame, ça dépasse les bornes! Aussitôt dit aussitôt fait: Hallenbeck embarque ses deux gosses et son épouse affreuse dans son Renault Espace (authentique) et recommence à rouler à toute berzingue, comme au début du film. Malheureusement, environ cinquante kilomètres plus loin, sa chieuse de fille est prise d'une soudaine envie de faire pipi, l'obligeant à s'arrêter au milieu d'une campagne hostile que l'on devine pleine de dangers effrayants. Donc la gamine sort de la voiture et s'en va pisser derrière un taillis... Évidemment, elle pousse un cri et ses parents se précipitent à la rescousse pendant que son frère, pas plus ému que ça, continue à lire un magazine de science-fiction à l'arrière du véhicule. En fait il s'agissait d'une fausse alerte: la petiote avait crié à cause d'un lapin mort!

Pendant ce temps là, dans la voiture, ça craint. Rawhead, qui a surgi d'un tas de fourrés, est en train d'essayer de choper le gamin qui se défend comme il peut en lui assénant des grands coups de magazine sur le mufle. A cet instant son père, qui revient vers la voiture, découvre la scène et pousse un cri encore plus effrayant que ceux du monstre. Pas du tout étonné que la créature soit parvenue à courir aussi vite qu'une voiture en terrain découvert sans se faire repérer, Hallenbeck se précipite vers la route et arrive... trop tard: la voiture est vide et Rawhead s'est fait la malle avec son fils, qui ne tarde pas à être réduit à l'état de casse-croûte.

Du coup, retour au village. Hallenbeck est très en colère contre les policiers qui ne l'ont pas pris au sérieux. Ceux-ci s'excusent car entre-temps le gosse dont le frère a été tué dans la forêt (souvenez-vous, il flirtait avec sa copine), et qui est devenu muet à cause du choc émotionnel, a dessiné le portrait de son agresseur. Il n'est pas beau du tout. C'est même quasiment un monstre et le chef de la police s'écrie "oh mon Dieu" en le découvrant. Du coup il comprend qu'il s'est trompé et décide de rattraper le coup en organisant une conférence de presse suivie d'une battue. Des journalistes lui demandent ce qu'il a trouvé et s'il s'agit "d'un animal, d'un végétal ou d'un minéral" (sic), mais il les envoie chier et s'en va retrouver ses hommes pour la battue. Bien sur celle-ci se déroule en pleine nuit parce que c'est beaucoup plus pratique de traquer un monstre dans l'obscurité au cour des bois. Une vingtaine d'hommes marchent de front en brandissant des lampes torches; celui qui dirige les opérations ne cesse de leur crier de rester groupés et de ne pas s'éloigner tout en faisant lui-même l'inverse de ce qu'il dit. Bien entendu il tombe nez à groin avec la chose et se fait tuer.

Et c'est bientôt la fin du film. Hallenbeck, qui était resté au commissariat avec son épouse moche et sa fille chiante, comprend qu'il est le seul à pouvoir arrêter la chose. En regardant les trois-cent photographies qu'il est parvenu à prendre avec le Polaroïd que le bedeau avait pourtant réduit en miettes, il a remarqué que les vitraux représentent les scènes de la capture du monstre par les villageois. Sur l'une d'elles, on aperçoit quelqu'un brandir une sorte de statuette au-dessus de Rawhead, terrassé. Mais bon sang, bien sur: l'artéfact se trouve forcément dans l'église! Du coup, il y court pendant que les flics traquent le monstre dans les bois et que celui-ci s'en prend à un campement de gitans malheureusement installés sur son territoire. Là on se demande pourquoi Rawhead s'en prend à ces pauvres gens alors qu'il était sensé assouvir sa vengeance en trucidant les descendants des villageois qui l'avaient emprisonné autrefois. Lui même semble ne plus rien comprendre à l'histoire et se contente de renverser des caravanes et de décapiter du romanichel à tour de bras. A défaut de servir l'histoire, ça défoule.

Dans l'église, Howard Hallenbeck rencontre à nouveau le bedeau, plus fou que jamais. Il a dû lire le scénario du film car il lui déballe toute l'histoire de Rawhead avant de conclure en disant que "le diable va gagner" et que "cette chose n'est pas humaine". Le bedeau est un homme très perspicace. Pendant qu'Hallenbeck cherche dans l'église l'artefact grâce auquel il espère tuer la chose, le bedeau attend celle-ci dans le cimetière. D'ailleurs Rawhead ne tarde pas à arriver, couvert du sang des malheureux qu'il vient de trucider; aussitôt le bedeau se prosterne à ses pieds en criant qu'il est son nouveau dieu. Pour ce qu'il en a à faire, il pourrait aussi bien chanter "Scarborough fair" en essayant d'imiter Simon et Garfunkel à lui tout seul (exercice vocal très difficile), ça serait la même chose. Bref. Alerté par tout ce boucan, le pasteur débarque à son tour dans le cimetière et voit Rawhead. Pris de panique, il se sauve DANS l'église, qui ne possède qu'une seule issue. Évidemment la chose le poursuit et le pasteur, acculé (j'ai failli écrire "cet acculé de pasteur"), finit par se réfugier dans les caves... où il retrouve le bedeau, mystérieusement apparu en ce lieu alors qu'il gambadait quelques instants plus tôt entre les tombes du cimetière.

Dans l'intervalle les flics ont débarqué et cernent l'église. Le chef de la police est parmi eux et ça craint. J'ai oublié de vous dire que Rawhead l'avait hypnotisé quelques scènes plus tôt, après avoir mis sa voiture dans le décor, et qu'il est à présent aussi fou que le bedeau. Mais les événements se précipitent: Rawhead vient de sortir sur le parvis de l'église, tenant le révérend dans ses bras. Après avoir gesticulé quelques instants devant l'assistance, il fracasse le malheureux curé contre une tombe; à cet instant, l'un des flics donne l'ordre de tirer mais l'inspecteur en chef fout le feu à un jerricane d'essence et fait tout sauter. Exit la police.

Du coup, il ne reste plus que ce brave Hallenbeck pour nous débarrasser le Rawhead. Son heure est enfin venue: il va pouvoir montrer à tout le monde que, bon sang de bonsoir, c'est lui le héros du film. Il commence par avoir l'intuition que l'artefact qu'il recherche se trouve dans l'autel. Alors qu'il essaie de l'ouvrir, le bedeau s'interpose et cherche à le tuer mais Hallenbeck révèle vraiment sa nature de héros en se débarrassant de lui d'un coup de bible asséné sur le coin de la tronche. Son adversaire étant hors service, Hallenbeck s'en retourne donc vers l'autel et déclenche un effet spécial: une lueur rouge jaillit du sol tandis qu'un fumigène de stade lui explose au visage. Sans se laisser démonter, Hallenbeck fouille l'autel et découvre une statuette en plastique qui représente une sorte de déesse de la fertilité.

A aucun moment il ne doute des pouvoirs de l'objet, aussi est-ce d'un pas vaillant qu'il se dirige vers le cimetière, où Rawhead l'attend pour le combat final. Avant, la chose se débarrasse du bedeau qui faisait rien qu'à l'embêter en poussant des cris stupides, puis c'est le face à face. Hallenbeck brandit la statue devant lui comme il l'a vu faire sur le vitrail. Sauf qu'il ne se passe rien. L'artefact est cassé. Peut-être qu'il n'y a plus de piles ou quelque chose comme ça. "C'est vraiment trop bête" se dit Hallenbeck pendant que Rawhead lui assène une claque qui l'envoie bouler à l'autre bout du cimetière. Mais à cet instant, sa moche épouse surgit du néant et s'empare de la statuette. Cette fois, ô miracle, il se passe quelque chose! En effet, comme le crie le héros en regardant la caméra avec un air stupide, il fallait qu'une FEMME utilise la statuette pour activer son pouvoir, et même si on hésite à qualifier Kelly Piper de femme, en tout cas le sortilège fonctionne: des effets spéciaux apparaissent dans le ciel et déclenchent une pluie d'éclairs qui réduit Rawhead en cendres.

Voilà, c'est terminé. Je vous épargne la "chute" finale, archi prévisible, où l'on voir Rawhead surgir d'une tombe, frais comme un gardon et prêt à assouvir de nouveau sa vengeance. Peut-être George Pavlou espérait-il jeter ainsi un pont vers une suite... qui ne vit (heureusement) jamais le jour. Mais comme tout se recycle dans l'univers du nanar, deux ans plus tard et sur une trame à peu près similaire (résurgence d'un culte païen, retour d'une créature mythologique, etc.) Ken Russell fera encore pire en réalisant l'adaptation du "Repaire du Ver Blanc" de Stocker, un film dont je vous parlerai tantôt.

NDLR: une revue du repaire du ver blanc existe déjà dans HSW.

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