Fusion The Core

Genre : concours de postulats scientifiques grotesques

Fiche technique

Citation de jaquette : Earth has a deadline

Revue : Philippe Heurtel

Une expérience militaire malheureuse a provoqué l'arrêt de la rotation du noyau terrestre. Un peu comme quand on crashe un ordinateur, sauf que là ils ont crashé la Terre. Si rien n'est fait, des catastrophes à gogo vont s'abattre sur notre planète : orages d'enfer, plus de protection contre les particules cosmiques, réélection de George W. Bush... En tout cas c'est très grave.

Heureusement, nous avons deux brillants physiciens et un expert en armement nucléaire qui pensent pouvoir rebooter la Terre, à condition d'atteindre le noyau. Oui mais le noyau est très loin, il y a une sacrée pression (non, je parle pas de bière), et il fait tellement chaud que même le plan canicule de Douste Blazy ne peut rien y faire. C'est là qu'intervient un bricoleur de génie qui travaille depuis vingt ans sur un appareil révolutionnaire, une sorte de supposit... une sorte de sous-marin, mais pour naviguer à l'intérieur de la Terre, avec des équipements hyper sophistiqués pour résister à la pression et à la température. Et le gars il a inventé tout ça tout seul.

Bref, l'armée américaine l'aide à mettre au point son vaisseau, vu qu'ils n'ont que quelques mois pour sauver le monde. Une pilote super balèze est placée au volant, et voilà notre équipage de 7 héros, mon bon professeur Lidenbrock, en route pour le centre de la Terre. Accompagnés par le chant des dauphins, ils s'enfoncent dans l'océan, puis dans l'écorce terrestre.

Comme vous pouvez vous en douter, ça s'écorce, pardon, ça se corse, et il va leur arriver diverses tuiles, qu'ils surmontent l'une après l'autre, non sans perdre au fur et à mesure quelques membres d'équipage. Entre autres âneries, ils se retrouvent coincés dans une... grosse bulle de vide, et ils doivent sortir pour réparer le vaisseau. Comment ça, et la pression écrasante qui règne à cette profondeur ? Ho, c'est moi qui raconte le film ou c'est vous ? Merci. Bref, ils réparent le vaisseau, et au lieu de se précipiter à l'intérieur, un des membres d'équipage s'attarde bêtement pour admirer le paysage, en particulier la mer de lave qui menace de l'engloutir d'un moment à l'autre. Et le spectateur pétrifié d'assister à une des morts les plus stupides de l'histoire du cinéma.

Bon, à chaque épreuve on a droit à un couplet sur le sens du devoir, du sacrifice et bla bla bla, et le physicien qui la scène d'avant était prêt à se sacrifier pour sauver la mission pique une crise parce que la pilote n'a pas hésité à sacrifier son meilleur ami pour sauver la mission. D'un autre côté, le meilleur ami en question c'est Tchecky Karyo alors c'est pas franchement une grosse perte. En tout cas, le physicien montre à la pilote un émouvant dessin fait par le fils de son pote,, avec " Papa " écrit en gros dessus, pour bien lui montrer que ce qu'elle a fait c'est MAL.

Arrivés au bord du noyau, notre bande de torchenaves - dotés d'un super QI, mais torchenaves quand même - s'aperçoivent que ce dernier n'est pas aussi dense que prévu, et que la bombe nucléaire sera insuffisante. Il y a une solution de secours : réutiliser "Destiny", l'arme expérimentale qui a arrêté le noyau, pour le redémarrer. Petit inconvénient : ça provoquera plein de tremblements de terre et d'éruptions de volcan. Le haut commandement décide de lancer Destiny. Mais, des fois qu'ils trouveraient une meilleure idée, l'équipage préfère poursuivre la route, risquant ainsi de périr lorsque Destiny arrivera à son but. Seul le militaire de service, qui avait caché à tout le monde que c'est l'armée qui a merdé avec ses expériences secrètes, n'est pas d'accord et voudrait remonter à la surface. Il y a une petite bagarre, et le méchant militaire est mis KO.

Hélas, Destiny va tout de même être lancée. Heureusement, dans la salle de contrôle, il y a le meilleur hacker du monde, et il parvient à empêcher le largage. Pendant ce temps, le physicien et le militaire trouvent ensemble une solution pour relancer le noyau : faire exploser plusieurs petites bombinettes nucléaires au lieu d'une seule grosse ; je ne perds pas mon temps à vous expliquer pourquoi ça va marcher, vous avez compris que ce film est d'un niveau scientifique très élevé, beaucoup trop pour vous.

Et là le nanareux averti lève un sourcil et murmure : "Hmm hmm...". Hé oui, bien vu : le militaire s'est finalement rangé aux côtés de l'équipage (enfin, de ce qu'il en reste : 4 personnes, en tout). Il passe donc du statut de méchant à celui de... méchant repenti. Et donc il va... oui, vous là-bas, je vous écoute ? Il va forcément mourir, excellente réponse !

Bon, bref, tout le monde veut se sacrifier dans un grand élan de bravoure : le concepteur du vaisseau, le physicien (qui échappe in extremis à la mort, vu que c'est lui le héros), et le militaire (qui meurt à sa place, vu que c'est le méchant repenti). Les bombinettes explosent, le noyau reboote, la Terre est sauvée. Mais pas les deux derniers membres de l'équipage, car pour alimenter la dernière et indispensable explosion, ils ont dû utiliser les dernières réserves d'énergie du vaisseau. Que faire ? Transformer le vaisseau en pédalo, peut-être ? Non, ça marchera pas. Alors tant pis, ils sont foutus, ils meurent et le film est fini.

Non, je blague : le professeur Tournesol a encore une idée de génie : le noyau terrestre, c'est une sacrée réserve d'énergie, non ? Hop ! Une fois de plus, Mike Giver retrousse ses manches, il improvise un bricolage d'enfer, et le vaisseau retraverse le manteau et l'écorce terrestre. Hélas, s'ils atteignent le fond de l'océan (le film, lui, a atteint le fond depuis longtemps), ils n'ont plus assez de jus pour atteindre à la surface ni prévenir le porte-avions parti à leur recherche. Que faire ? Installer des rames, peut-être ? Non, ça marchera pas. Alors tant pis, ils sont foutus, ils meurent et le film est fini.

A moins que... Hmm ? Non ? Vous n'avez pas une petite idée ? Allez, je vous aide : relisez attentivement mon résumé. J'y ai glissé un détail apparemment anodin, mais en réalité très important. Allez, un petit effort, quoi, vous pouvez y arriver. Oui ? Vous, au fond de la salle, allez-y, ne soyez pas timide. Oui, je sais, ça a l'air complètement crétin, mais vous avez vu le niveau du reste du film, alors... Hé oui ! Le chant des dauphins, que j'avais fort subtilement mentionné tout à l'heure, attire les militaires jusqu'au vaisseau, qu'ils remontent à la surface. Merci Flipper !

Patience, c'est presque fini, il reste une dernière touche de ridicule pour parfaire l'ouvrage : de retour chez lui, le hacker pirate carrément tout l'Internet pour diffuser les photos des héros qui ont sauvé le monde. Et les dauphins. Et les pédalos.

Tandis que défile le générique de fin, au bord de la mort cérébrale je trouve la force d'appuyer sur la touche Stop de la télécommande. C'est vrai que le cinéma et la vraisemblance scientifique n'ont jamais fait très bon ménage, mais là, tout de même, les enfants, on atteint des sommets - ou des abysses, enfin vous voyez ce que je veux dire. Et non content d'être abracadabrant au possible, au point qu'il ferait passer Armageddon pour un scénario de Greg Egan, ce film enchaîne une quantité conséquente de clichés, d'actes héroïques, de morts stupides et de violons avec une persévérance qui force le respect. Résultat du match ? Intelligence : 0. Fusion - The Core : 1.

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