Amazons

La cité magique où aucun homme n'est encore jamais entré

Genre : matage de drôlesses guerrières

Fiche technique

Revue : Pen of Chaos

Il n'est pas rare de trouver dans un film des clichés, lieux communs et autres choses déjà vues mille fois, tellement usées qu'elles ne nous font plus d'autre effet qu'un vague soupir. Dans ce film-là, les sensations de déjà-vu se suivent à une allure incroyable, semblant concourir pour le prix du métrage d'heroïc-fantasy le plus banal de tous les temps. A bien y réfléchir c'est un exploit, ils n'auraient pas pu en caser plus... J'ai acheté cette K7 au fameux Docteur Bis, et je ne regrette pas!

Tout commence par la vue d'une armée. A sa tête se gausse le sorcier, celui-ci prenant d'assaut une ville avec force magie (des éclairs qu'il dirige et qui frappent le sol près d'une vingtaine de figurants représentant l'armée locale). Bref, les troupes du méchant s'emparent du village, assez facilement.

On enchaîne sur la vue du patelin des zéroïnes. Là, quelques athléthiques jeunes filles s'entraînent à la manière shaolin, multipliant les passes d'armes au milieu d'une cour, sous l'oeil pénétrant de la commandante en chef. A noter la tenue des guerrières, fort peu pratique puisqu'elle consiste en un bikini de cuir sur lequel sont agencées à la va-vite plusieurs peaux de bêtes qui les gênent dans leurs mouvements. Entre alors une autre chef, et tout s'arrête.

"Cela suffit, Kalungo (c'est le méchant) est allé trop loin ! Nous devons le combattre"

Le conseil de guerre a lieu, et on voit tout de suite que la jaquette ment. En effet dans cette "cité magique où aucun homme n'est jamais entré", se tiennent pourtant deux types, l'un étant le gentil chamane chenu, l'autre le ténébreux général du village voisin. Quelqu'un déclare alors "sans l'épée d'Azundati, nous ne pouvons rien!". Comme l'artefact n'est pas en leur possession, le vieillard trouve alors une autre idée pour amuser le public "Ha, mais il nous reste la pierre sacrée". C'est bien connu, dans une oeuvre d'heroïc fantasy, il faut une pierre sacrée et une épée légendaire. Sinon, le méchant gagne. Dès lors un commando de mignonnes est envoyé au temple (il en faut un, aussi) pour chercher la pierre que convoite le sorcier Kalungo. Elles arrivent à s'en emparer au terme d'une bataille ridicule dans l'édifice, chacun retenant ses coups avec les armes factices pour ne pas blesser le figurant. Pendant ce temps, le sorcier vaque, lançant des éclairs en riant sardoniquement.

Les gonzesses partent avec la pierre, et Kalungo, ayant visiblement fait un stage chez Darth Vader, chatie ses hommes peu zélés. Ceux-ci implore sa clémence mais il y va de sa citation : "pitié pour les vaincus ? Quelle étrange idée !". A noter qu'il utilise la Force pour leur coincer la gorge en tendant la main vers eux, comme lui a appris son mentor.

Vient ensuite la cérémonie dans la forêt, pendant laquelle Dyala hallucine sur une épée "qui brûle d'un feu intérieur". C'est la seule à voir l'épée, normal puisqu'elle est l'élue (y'a toujours une élue). Puis on nous montre diverses scènes d'espionnage et de complots. Vient le grand moment du conseil qui a lieu dans la salle du trône, avec la reine sage et bonne qui dirige la cité des femmes, et le coup de gong au moment où entre les sujets. Dyala révèle sa vision et de la reine s'écrier : "nous devons retrouver l'épée, c'est notre seule chance de sauver le royaume". Mais on ne sait pas où est l'épée... Pas de panique, le vieillard fend la foule et affirme qu'il a rêvé d'une grotte. C'est la grotte dans laquelle se trouve l'épée ! Mais la grotte se trouve... devinez où ? Derrière la vallée maudite ! C'est l'habituelle vallée dominée par les esprits du mal et dont on ne revient pas, qui ajoute une aura de mystère et réveille le spectateur baillant. Cela dit, il existe bien sûr une alternative : la forêt habitée de tribus féroces ! C'est là qu'on envoie deux (oui, seulement deux) amazones pour retrouver l'épée. C'est trop simple d'en envoyer quatre ou cinq, il vaut mieux en envoyer seulement deux, après tout ce n'est pas très important c'est juste l'épée qui permet de sauver le monde de la domination du fou sanguinaire. Dyala sera donc envoyée quérir l'épée, avec une fille du nom de Tashi qui est la fille de la famille rivale (logique, hein) dont la mère tua sa propre mère. Mais la reine sait parler : "joignez vos courages pour trouver l'épée". C'est mal parti car elles ont une irrésistible envie de se tirer les cheveux et se griffer les joues.

On nous montre ensuite d'autres secrets. Tashi et sa mère, Tishingi, qui complotent pour éliminer Dyala. Tishingi qui retrouve Kalungo dans son plumard, peu après, car elle veut devenir la reine du nouveau royaume, la garce. On découvre alors la lionne de Kalungo, qui nous fait une démonstration de morphing en 4 images débiles lorsqu'elle retrouve sa forme originelle : une femme ! Kalungo l'envoie aux trousses des deux amazones.

D'ailleurs les deux girondes s'ébattent, nues, dans un lac au milieu de la forêt infestée de sauvages. Ceux-là les épient à travers les broussailles, mais ils attendent qu'elles soient sorties du lac et habillées pour les attaquer (vraiment crétins, les sauvages). La tentative de viol échoue puisque la Lionne de Kalungo veille au grain et colle une rouste aux vicelards. Kalungo veut l'épée, alors il protège les gamines, c'est quand-même sympa. Le voyage se continue dans une forêt typique heroïc-fantasy (avec toiles d'araignées, et serpents) et les filles triomphe des embûches, jusqu'à la capture de Tashi par une autre tribu, les Pagash. Ceux-là sacrifient les femmes à un dieu-arbre bidon, et Dyala doit donc utiliser le système rambo pour la libérer (un grand moment du Bis). En cinq minutes elle confectionne divers pièges à partir de morceaux de bois et de cordes sorties d'on ne sait où, ce qui lui permet de décimer la tribu et de délivrer sa rivale et néanmoins amie. Pfiou.

Entre temps on nous a gratifié de plusieurs autres scènes de complots et espionnage. Kalungo révèle à la garce qu'il veut être maître du monde, juste avant la scène de sexe du film. De son côté la reine regrette d'avoir envoyé seulement deux amazones et pense que tout est perdu. Ils vont finalement attaquer Kalungo ! Le chamane chenu dit qu'il peut lutter contre son pouvoir en transférant son âme dans la pierre sacrée. Puis viennent de nouveaux complots.

Dyala et Tashi ont finalement traversé la forêt. Là un cheval blanc, tel l'ami ricoré, vient les chercher et les emmène jusqu'à la hutte en carton peint d'une étrange vieille femme qui nous sort les pires dialogues et qui leur parle d'une prophétie sans intérêt pour l'histoire (ça manquait, hein ?). 3 doivent entrer dans la grotte, et une doit ressortir. Et Tashi de s'écrier avec sagacité : "mais nous ne sommes que 2". La grotte se trouve derrière un canyon, et pour traverser le canyon nos amazones décidément débrouillardes fabriquent une corde de 15 mètres, en 3 minutes, à partir de morceaux de lierre. Fortiche. Bien sûr Tashi tombe et Dyala la sauve. Ils entrent dans la grotte qui n'est PAS gardée par un esprit centenaire (bizarre, ça) et s'emparent de l'épée. Tashi refuse de tuer Dyala comme sa mère lui a demandé, car maintenant c'est son amie. La lionne arrive et tue Tashi, puis Dyala déchire l'animal à coups de canif. Terminé, elle retourne à la hutte de la femme qui avoue finalement être Azundati, et qui nous sert encore quelques dialogues d'anthologie : "je suis éternelle ou bien morte, comme le passé", "Inar est plus qu'un cheval. Il existe des routes dans la vallée maudite, et Inar connaît ces routes" "j'étais la gardienne de l'épée, mais j'ai payé le prix".

Rassurez-vous, on arrive à la fin. Montée sur Inar, Dyala traverse facilement la vallée maudite pour sauver son peuple. Le viellard échoue avec sa pierre sacrée de merde, Kalungo domine la bataille et quelqu'un crie "tout est perdu". Au même moment une pauvre fille désigne la forêt : "regardez !". A grand renfort de musique a deux francs, Dyala brandit l'épée et crie "la victoire est à nous". Puis automatiquement les méchants perdent, Dyala poursuit et tue le sorcier et Tishingi la traîtresse (nous gratifiant au passage d'un moulinet de glaive "à la Conan") puis la gentille reine la nomme à la tête des armées pour ramener la paix dans le pays. Finalement elle retourne à la hutte pour remercier Azundati, mais elle y retrouve Tashi (oui, finalement elle est vivante), et après quelques accolades elles chevauchent ensemble le cheval blanc dans le soleil couchant (véridique !!).

Récapitulons : Un sorcier fou et son familier, une élue, un chamane, une pierre sacrée, une épée légendaire, des complots, des rebelles, une vallée maudite, une forêt féroce, des guerrières aux décolleté avantageux, une bonne reine, une traîtresse, une histoire de cul, une prophétie, une quète, une fin où les gentils gagnent, des combats au glaive, des tribus féroces, un cheval blanc, un sage qui fait des phrases à la con... le tout soigneusement mixé autour du scénario le plus convenu possible !

Un grand film bis, à voir sans modération, donc.

CADEAU BONUS

Pour vous prouver que je ne mens pas, voici la jaquette recto-verso. L'économie a été poussée jusque-là puisqu'il s'agit d'une peinture de Boris Valejo (dont on a habilement dissimulé la signature) avec un logo et une épée qui ne ressemble aucunement à celle du film. Le lion est tout à fait fortuit puisque dans le film, c'est une femelle...

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