Démon Wind

Genre : association de crétins

Fiche technique

Revue : Pen of Chaos, hélas

Il est des films dont le nom présage déjà l'esclaffade.

Démon Wind est sans doute un de ceux-là, mais il se doit d'être vu avec de nombreux convives avinés. Visionné seul il est simplement désolant, et amène à s'interroger sur le devenir de l'humanité. Mais laissez-moi vous conter...

Tout commence par un squelette humain mal fichu brûlant sur une croix de bois, au son d'une musique synthétique habituelle des mauvaises productions de la fin des années 80. On nous présente une maison visiblement protégée par divers crucifix, figures magiques, cierges et amulettes. Le vent fait trembler les broussailles. Vient une femme terrifiée et fort laide, qui surveille la porte de peur que quelque chose ne vienne par là. Mais c'est son mari qui arrive de l'autre côté, elle est rassurée. Le mari se met alors à parler en vomissant, puis se couvre de pustules et, d'une voix dotée d'une impressionnante réverberation à trois sous, annonce qu'il est temps pour elle de rejoindre les damnés. Il s'approche d'elle pour la tuer, elle laisse alors tomber le "crystal sacré" (on ne saura jamais ce que c'est) et la maison explose. Hop.

Une voix-off endormie nous annonce alors que la suite se passe "de nos jours". On suit les pérégrinations campagnardes et motorisées d'un couple composé d'un garçon taciturne et d'une blonde écervelée qui cherche une ferme abandonnée au fin fond de la brousse alors que le père du garçon vient de s'ouvrir les veines. Je sais, ça n'a ni queue ni tête. Ca va mal dans le couple, le pauvre gars perd la boule. Il doit trouver cette ferme mais ne sait pas pourquoi. Entre temps on pu observer une étrange petite fille en robe blanche suit leurs déplacement du haut d'une lointaine colline.

Forcément perdus, ils s'adressent à la station-service locale qui n'a pas vu de client depuis la guerre de cessesion. Le paysan à bretelles, blouse graisseuse et regard fou du coin leur demande de rebrousser chemin et de ne pas essayer d'en savoir plus sur cette maudite ferme, qui d'ailleurs n'existe pas. Jusque là c'est assez classique. Mais le gamin en a décidé autrement : il a donné rendez-vous à tous ses amis à cette station-service dont il ignorait l'existence. Arrivent donc, comme par enchantement, deux couples de jeunes américains décérébrés, ainsi que deux amis dont l'un est déguisé en magicien de cabaret, avec queue de pie et gants blancs, pendant 5 minutes (on ne saura jamais pourquoi). Ces "acteurs" ont tous un point commun : ils sont d'un mauvais rarement atteint. On retrouve le grand blond fort et bête, le genre premier de la classe à lunettes un peu craintif, le type un peu fou mais gentil, etc. Les filles sont quant à elles assez moches et ne parlent que pour meubler. On s'engueule un bon coup avec le paysan, puis hop, on s'en va au hasard dans la campagne. En fait la ferme est au bout du chemin.

La fermette détruite par l'explosion 30 ans auparavant se reconnaît facilement : il y a toujours la même croix de bois (pourtant, elle a brûlé) et le même squelette (dont il ne manque pas une pièce). Il ne reste que deux murs debout, mais le héros voit bien vite qu'en passant la porte, on arrive dans la maison comme si elle était encore là. Mais de l'autre côté du mur, il n'y a rien... Et ce phénomène hautement paranormal n'inquiète personne ! Voici que notre troupeau d'imbéciles s'installe dans les locaux comme pour une partie de chasse. Une bimbo lit des textes latins au mur au milieu des pentagrammes, ce qui a pour effet de faire trembler l'intérieur de la ferme magique et de faire fuir tout le monde.

Mais voilà, les voitures ne fonctionnent plus ! Impossible de démarrer. Ils décident donc de fuir cet endroit à pied, et un brouillard magique les ramène automatiquement près de la ferme. Consternés, ils sont alors attaqués par 3 gamines. La concubine d'un type se voit transformée en poupée et prend feu, après avoir subit un éclair bleu probablement dessiné au feutre sur la pellicule tant il est convaincant. Bon, alors y'a pas d'autre choix que de passer la nuit ici. Les choses se corsent, car à peine l'obscurité s'installe que des démons (de pauvres humains couverts de pustules, vomissant et se tortillant) attaquent la maison. Et ça dure toute la journée d'après, tant et si bien qu'ils sont rejoints par un autre couple car on vient à manquer de gens sacrifiables. La lassitude qui s'empare de moi à l'évocation de cette partie bien longue du film vous en épargnera les détails.

A la fin, il ne reste que nos deux héros (le taciturne et sa blondasse) qui ont découvert le grimoire magique de la grand-même assassinée dans un tiroir. On assiste alors dans un déluge de coloriage jaune à la matérialisation du prince des enfers, qui se présente comme un casimir boursouflé à la chair putride, rose et suintante. Il menace de régner sur la terre !

C'est sans compter sur l'imbécile qui, après avoir récité trois conneries en latin (mais oui, le livre de la grand-mère !), et furieux qu'on frappe sa copine, lui fout le feu au veston et le renvoie dans son pays (celui des rires et des chants, sans doute). Le soleil se lève et, comme la voiture remarche, nos amoureux repartent, heureux, après avoir fait massacrer tout leur cercle d'amis dont les âmes rôtissent en enfer.

Mais on ne s'en tirera pas comme ça : une petite fille démoniaque apparaît soudain près de la ferme, et part dans un grand rire sardonique. Heureusement, personne n'a convaincu un producteur de faire une suite à partir de ce rebondissement stupéfiant.

Pénible à tous les points de vue, ce film a une place de choix dans la BIS-othèque des amateurs de films douloureux et involontairement comiques. Le maquillage et les effets spéciaux sont particulièrement gratinés. L'histoire, les acteurs, les dialogues, la musique se combinent en une joyeuse sarabande de médiocrité qui va jusqu'à me rendre perplexe.

J'ai bien commencé mon millénaire...

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