Plus moche que Frankeinstein tu meurs

Genre : monstre lubrique à braquemart

Fiche technique

Revue : Michel Pagel

J'ai ré-essayé. J'avais fait une vague tentative il y a deux ou trois ans, mais là, je m'y suis mis sérieux. Peine perdue : je n'ai pas réussi à regarder jusqu'au bout PLUS MOCHE QUE FRANKENSTEIN TU MEURS d'Armando Crispino. J'ai tenu vingt minutes avant de toucher pour la première fois à l'avance rapide, mais ensuite, mon doigt n'a pratiquement pas quitté la touche.

Pourtant, Armando Crispino, c'est FRISSONS D'HORREUR, et deux ou trois autres petites perles du bis italien. Mais là, soit il n'était pas en forme, soit il n'en avait rien à foutre (ce qui peut se comprendre), soit les deux.

La première scène, cependant, laissait bien augurer de la suite : un Dr. Frankenstein vieillissant emmène sa jeune fiancée américaine à son château ancestral (en Italie, oui, mais on va pas chipoter). Tandis qu'ils traversent en fiacre une campagne un brin desséchée, le Dr. vante la beauté du paysage et la joie de vivre de ses habitants — alors que les seuls qu'on aperçoit sont des squelettes figés dans les champs, en position de paysans au travail. Le tout sur un ton de comédie de bas étage, certes, mais c'est suffisamment décalé pour intriguer. Pas de pot, cet aspect surréaliste disparait définitivement du film dès la scène suivante, pendant laquelle la créature interrompt le mariage de Frankie (c'est ainsi qu'on le nomme : Francesco, dit Frankie, baron Frankenstein) et de Janet (pas Elizabeth, pour une fois). A partir de là, rythme pesant rime avec gags lourdingues. Le film repose sur deux ressorts comiques que j'aurai peine à qualifier d'éventés, étant donné que le premier est justement le pet.

— Professeur, il a ouvert un oeil ! s'exclame ce grand dadais d'Igor après l'opération qui doit redonner vie au monstre, tombé en pièces entre temps pour des raisons peu claires. (On entend un bruit caractéristique.) Oh, et maintenant, il a fait un prout ! (sic)

Désopilant, pour le moins. Je ne sais pas combien il y a de pets dans ce film, vu que j'ai donc pas mal usé de l'avance rapide, mais j'en ai au moins entendu trois dans la demi-heure de métrage que j'ai regardée intégralement.

Quant au deuxième ressort comique, je vous le donne en mille... c'est bien sûr la plaisanterie graveleuse. Comme dans Frankenstein Junior, Lady Frankenstein et Frankenstein 90 (le premier étant le seul bon film du lot), le monstre en a une grosse et comble toutes ces dames, servant dans l'ordre une figurante obèse, les deux assistantes de Frankenstein et enfin sa jeune fiancée.

Là, Frankenstein se fâche. Ignorant les cris pitoyables ("Oh, Papa, pardon, Papa !") que pousse le monstre, il le chasse. Un peu plus tard, se ravisant, il décide de se faire greffer le service trois pièces si populaire auprès de la gent féminine. Pas de pot : l'opération tourne mal, si bien que créature et créateur se retrouvent impuissants tous les deux.

On les retrouve faisant de la broderie anglaise (cadrés de telle manière qu'au début, on a l'impression qu'ils se recousent la zigounette — tordant, je vous dis), tandis qu'un Igor ravi doit satisfaire les exigences des trois bougresses, évidemment nymphomanes. Et ça se termine comme ça. Boudiou, la chute !

J'ai oublié de vous dire : le monstre, c'est Aldo Maccione, comme pouvait le laisser supposer le titre français (l'original étant "Frankenstein All'Italiana"). Que vous en dire : c'est Aldo. Il a l'air con, il en fait des tonnes, et c'est visiblement tout ce que lui demande le réalisateur. Avec son maquillage à la Karloff, il est peut-être vaguement plus supportable que d'habitude mais c'est tout.

Ah, oui. Chaque fois que l'action piétine vraiment trop lamentablement, une de ces dames montre ses seins. C'est déjà ça, vous me direz. Mais ça et une première scène d'une minute potable, ça fait pas beaucoup, quand même.

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