2069 A Sex odyssey

Genre : zienze viczion zexy

Fiche technique

Revue : Michel Pagel

ACH JODEL MIR NOCH EINEN, 1974, Allemagne

Je n'ai pas la moindre idée de ce que signifie ce titre (quelqu'un ?), mais ça n'a aucune importance, vu que j'ai vu le film dans son édition américaine (quoique avec un doublage anglais), laquelle proclame :

2069 A SEX ODYSSEY, 1977, George Keil

Même sans parler allemand, j'ai l'impression que ça fait une petite différence.

Eh oui, vous l'aurez compris, il s'agit d'une comédie sexy. Genre étonnant que la comédie sexy allemande des années 70. Je n'avais encore jamais réussi à en regarder une sans user de l'avance rapide. En général, on y fornique allégrement dans la paille, si possible juste sous le nez des vaches, au son de fanfares et de tyroliennes, tout potentiel érotique étant annihilé par une obsession du gag à ras de terre qui ferait passer Aldo Maccione pour Woody Allen, j'exagère à peine. Il faut un estomac nanarifère à toute épreuve pour supporter pareille vision. Si vous avez déjà réussi à regarder jusqu'au bout "La toubib du Régiment" ou "Les Branchés à St. Tropez", vous pouvez vous y risquer, mais je ne garantie rien.

Or donc, on le comprendra aisément, c'est par son titre parodique que ce film m'a attiré l'oeil (on se demande par quoi d'autre, d'ailleurs, hein ?). Hélas, hélas, s'il s'agit bien de science-fiction (enfin presque), ça n'a rien d'une parodie de 2001. C'est en quelque sorte le remake d'un vieux nanar américain dont le titre m'échappe pour le moment, mais que Marc ou le Dr. Bis nous sortiront bien vite des tréfonds de leur érudition. Les Vénusiennes sont bien embêtées : il n'y a plus de Vénusiens. On ne nous dit pas trop pourquoi au juste, mais c'est secondaire. Cinq d'entre elles sont donc envoyées sur Terre pour prélever chez les humains une réserve de sperme qui leur servira durant dix mille ans (!) pour la reproduction. Les Vénusiennes, en effet, je ne vous le cache pas, sont faites très exactement comme des terriennes. Le film ne faisant guère mystère de leur anatomie, je puis l'affirmer presque à cent pour cent. On déduira raisonnablement de ce fait que les Vénusiens étaient faits comme des Terriens, non ?

En dépit de cela, elles ignorent totalement comment est constitué un homme et ce qu'il convient de faire pour lui arracher sa précieuse semence. Ceci, ne nous le cachons pas, constitue l'un des ressorts comiques principaux du film.
Oui, je sais.
Passons sur la totale invraisemblance de ces prémisses et pénétrons sans tarder dans le vif du sujet.
La soucoupe volante, car soucoupe il y a, se rapproche de la terre et, par un caprice du destin, atterrit en plein milieu de ce que je suppose être le Tyrol ou la Bavière, ou quelque part dans les pays teutons où il y a des montagnes et des stations de ski. Son arrivée est observée par la femme du maire (une espèce de Shelley Winters sur la fin de carrière) et par leur domestique, présentement en train de jouer la bête à deux dos avec son petit ami dans la grange (je vous disais bien). La mairesse se lève, surprend les deux autres et, gag désopilant, plante une fourche dans les fesses du mec. S'ensuit cet édifiant dialogue :

LA MAIRESSE : C'est dégoûtant de faire des choses pareilles.
LA SERVANTE : Oh, ben, évidemment, vous, vous réussiriez même pas à faire bander un homme.
LA MAIRESSE : Hein ? Où crois-tu qu'on trouverait une autre paire comme ça ?

Et de se dépoitrailler. Une autre constante des comédies sexy allemandes, c'est qu'on y voit souvent à poil des gens qu'on n'aurait même pas envie de voir habillés. Ça ajoute au réalisme, vous me direz. Bref, elle en est tellement fière, de sa paire, la grosse dame, qu'elle nous la montrera deux fois. Par bonheur, les Vénusiennes sont toutes nettement plus jolies et elles monopolisent l'essentiel de l'action.

Nos Vénusiennes, donc, vêtues de charmantes combinaisons argentées, avec casques assortis, quittent leur soucoupe pour pénétrer dans une petite station de ski et entrer en contact avec les hommes du cru afin de remplir les petits récipients qu'elles ont emportés. (Je sais, exprimé comme ça, ça a l'air très con, mais ne vous y trompez pas : ça l'est.) Pendant ce temps-là, la femme du maire cherche à prévenir la police qu'une soucoupe volante vient d'atterrir. Le flic qu'elle réveille lui assure qu'il fait le nécessaire puis se rendort.

Et si je vous parlais un peu des mâles : ce sont tous, sans exception, des ruraux allemands, un peu obsédés et pas mal bas de plafond. Je n'ai rien contre les ruraux, allemands ou non, (j'en fais partie, pour ainsi dire) mais ce sont les clichés utilisés ici pour les décrire qui sont déprimants. (Essayez d'imaginer la campagne française décrite par Max Pécas, ça vous donnera une idée de ce que je veux dire.) Nous avons donc le maire, le docteur, le policier, le gros commerçant, le garçon de ferme, etc... Evidemment, tous ces messieurs vont craquer comme des biscottes devant les Vénusiennes qui, si je ne l'ai déjà dit, sont plutôt agréables à regarder. Compte tenu de leur totale ignorance du sexe et de ses tabous, elles ne tarderont pas également à se révéler peu farouches.

Le premier contact a lieu alors que nos agentes extraterrestres cherchent à se procurer des vêtements locaux. L'une se retrouve habillée en nonne, ce qui semble constituer un mauvais départ pour sa mission, mais ça ne durera pas.
Une autre, ayant volé les vêtements du forniqueur du début, se voit prendre en chasse puis rattraper par ce dernier qui, réalisant qu'il s'agit d'une femme, fait ce que n'importe qui ferait à sa place, à savoir la déshabiller dans des intentions non-équivoques. Manque de pot, dès qu'il lui enlève sa combinaison, elle commence à geler (car, sur Vénus, n'est-ce pas, il fait beaucoup plus chaud que chez nous, surtout dans une station de ski) et se retrouve toute raide (ce qui donnera lieu à quelques blagues innénarables : LE MEDECIN : Vous dites ? Vous l'avez déshabillée et c'est elle qui est devenue raide ? Etrange.) Comme on l'aura deviné, notre homme la conduit donc chez un médecin, lequel, diagnostiquant le problème en un tournemain, emporte la belle gelée dans un sauna. Elle dégèle, en effet, et il se passe ce que vous imaginez aisément.

LE MEDECIN : Mais je ne peux pas, vous êtes une patiente.
ELLE : Si vous êtes médecin, faites-moi donc une injection.

Quel talent !

Bref, chacune des Vénusiennes se retrouve avec un partenaire, dont le sempiternel représentant en sous-vêtements, et expérimente la chose. A la surprise générale, elle trouve ça plutôt sympa et se dit qu'elle a bien fait de venir. (Il ne sera jamais expliqué pourquoi les suivantes ne gêlent pas, alors qu'elles n'arrêtent pas d'enlever leur combinaison.) Une exception : la commandante de la mission qui, elle, convainc quatre hommes, dont le maire, de l'accompagner jusqu'à la soucoupe, et les soumet à une espèce de trayeuse fixée sur leur bas ventre. "Ça s'arrêtera automatiquement quand ça aura tiré un gallon" leur explique-t-elle, serviable. Celle-là, il y avait longtemps que je ne l'avais pas entendue mais ça ne fait jamais de mal de la ressortir pour la dépoussiérer un peu. (Je parle de la blague. Merci.)

Tout ça nous prend quand même presque une heure de projection. Ensuite, il y a le grand final : le banquet, à l'auberge, avec la fanfare et le chanteur à baffer, qui réunit tous les protagonistes de l'histoire. Les Vénusiennes, que tout le monde prend pour des Françaises (gag), sont invitées et, pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer, finissent par se mettre à poil et par déclencher une bagarre générale. La femme du maire, elle, a passé tout le film a tenter d'alerter des autorités de plus en plus élevées : elle sera emmenée par des infirmiers qui lui passeront la camisole de force.

Pendant ce temps, sur Vénus, on s'inquiète de ne plus avoir de nouvelles de la mission. Croyant que l'équipage a été éliminé par les terriens, on provoque le décollage téléguidé de la soucoupe, qui s'en retourne chez elle.

Nous retrouvons alors tous nos personnages après une période que j'estimerais à environ neuf mois. Eh oui, merveilleusement adaptées à la vie au Tyrol, nos Vénusiennes ont épousé leurs bouseux d'opérette et toutes ont donné le jour à des jumeaux. Avec des petites antennes. Non, c'est pas logique, mais c'est un gag. Comprenez ?

Donc, la morale est sauve.

Soyons net : le scénario (le quoi ?) est plein de trous, l'humour au ras des Pâquerettes, et le film existe principalement pour dévoiler les charmes des jolies actrices. Néanmoins, le rythme est vif, aidé en cela par la brièveté des scènes érotiques et leur peu d'audace. C'est avant tout une comédie. Quoique les gags, visuels ou non, soient pour la plupart lamentables, ils sont tellement nombreux que certains enchaînements finissent par provoquer un vague amusement. Enfin, l'amateur de sf ne manquera pas de trouver certains passages assez savoureux (mais principalement parce qu'ils sont ratés). L'un dans l'autre, si j'ose dire, voilà soixante-quinze minutes qui passent relativement vite sans trop solliciter la matière grise. Y a des moments, c'est agréable.

Allez, finalement, je crois que je laisserai encore une petite chance au cinéma allemand.

Retour à la page BIS