Encart "Les rats" /2 - 23/10/1996

Dossier 4.1. (suite /2)

Opérateur Tzentch, rapport du 10.02.1998 - 17h00
Préparation pour première session d'expériences sur la personne de LAYEU, Bertrand, né à Toulouse le 12.06.1974 voir dossier 4.1
Sujet présentant les caractéristiques les plus négatives concernant première partie :
- Vivacité d'esprit, logique, sens de l'observation, facultés d'adaptation, calme.
Caractéristiques positives pour deuxième partie :
- Lucidité face à son environnement, pas de principes moraux, réactions rapides.
Premier enregistrement prévu pour 19h30

Bertrand reprend ses esprits. Il se souvient après quelques secondes de la douleur affreuse ressentie quand Tzentch avait appuyé sur un bouton de son boitier. Un pincement ignoble, à l'intérieur de son crâne. La sensation est toujours là, mais pratiquement indolore, comme si elle subsistait seulement dans sa mémoire.

Il lui est impossible de bouger. Des sangles de cuir le maintiennent sur un gros fauteuil robuste, un fauteuil compliqué mais confortable, avec boutons et fils qui dépassent. Des électrodes sont fixées à la peau de Bertrand, qui partent en faisceau vers un trou du mur. Ce dispositif se trouve dans une pièce d'une dizaine de mètres de long sur trois de large, et des éclairages indirects sont installés aux angles des murs, qui donnent un tein jaunâtre aux surfaces blanches immaculées. A part ça, Layeu ne distingue rien. Il faut dire que sa position ne lui permet qu'une vision restreinte, et son angle de vision semble dirigé vers un grand écran de projection qui s'appuie sur le mur du fond. Bertrand fait fonctionner ses neurones, pour compenser l'inaction de ses membres. Tout d'abord, il se révèle évident qu'on va le forcer à regarder quelque chose ; c'est assez stupide, car il lui suffit de fermer les yeux pour échapper aux visions. C'est donc un point obscur, cette immobilité. Peut-être que Tzentch est seul et qu'il est obligé d'avoir recours à cela pour faire tenir son captif en place. Le savant, lui, a l'air sain d'esprit, si on fait abstraction de cet air un peu allumé qui caractérise les scientifiques de haut niveau. Il va donc réellement faire une expérience, et non pas se livrer à un jeu sadique (bien que cela soit souvent la même chose). Un autre élément serait cette histoire de rats et de vermine qui infestent la planète. Pour l'instant, aucun rapport.

Les lumières baissent, tandis qu'une voix retentit dans deux haut-parleurs juchés de chaque côté du fauteuil. Une voix qui est celle de Tzentch, mais déformée par un circuit audio amateur, et certainement pré-enregistrée.

- Première leçon de choses. Ne dites rien. Tenez vous face à l'écran...

« Ridicule... » pense Layeu en essayant de bouger.

... et regardez bien ce qui va suivre. Des questions vont être posées, et toute mauvaise réponse sera sanctionnée.
Le projecteur émet un chuintement, et le carré de lumière s'inscrit, suivi d'images de qualité médiocre. Ce sont des enfants qui jouent dans un bac à sable, qui rient et se roulent par terre. Au bout de trente secondes, la voix retentit de nouveau, mais cette fois elle n'est pas enregistrée :
- Vous avez sous les doigts des boutons. Celui de l'index gauche est Oui, celui de l'index droit est Non. Maintenant, pressez oui.

Bertrand exécute, voulant voir où ça mène.

- Bien ! Maintenant, pressez non.

CLIC ! (non)

- Bien ! Première question : voyez-vous bien l'écran ?

CLIC ! (oui)

- Parfait ! Voyez-vous des enfants à l'écran ?

CLIC ! (oui)

- Faux ! Sanction !

Layeu reçoit à l'intérieur de son cerveau une onde douloureuse, qui lui fait serrer les dents.

« J'ai du me tromper de bouton en pensant à autre chose... »

- Voyez-vous des enfants à l'écran ?

CLIC ! (oui)

- Faux ! Sanction !

Grimaçant sous la pression cérébrale, Bertrand contrevient à toutes règles :

- Hey ! Vous commencez à me courir avec votre jeu de merde ! J'ai appuyé sur le bon bouton !

- Intervention verbale ! Sanction !

Douleur.

- Bon, assez joué au trouduc maintenant ! On stoppe !

- Intervention verbale ! Sanction !

La voix est enregistrée, maintenant Bertrand en est sûr. C'est un système automatique qui lui pose toutes ces questions, un programme préparé pour fonctionner tout seul, ce qui explique les boutons sous ses doigts. Il se tait en endurant une fois de plus le calvaire. Son front est moite. Il sent sous son menton une protubérance caoutchouteuse, et devine en elle un capteur qui permet de savoir s'il parle ou non. Pour tester, il exhale un râle sans desserer les dents. Le Tzentch-système ne dit rien pendant une vingtaine de secondes.

- Voyez-vous des enfants à l'écran ?

La phrase tire Layeu de sa perplexité. Il se concentre pour bien appuyer sur le bon bouton.

CLIC ! (oui)

- Faux ! Troisième mauvaise réponse ! Double sanction !

La douleur explose comme une grosse migraine aiguë. Bertrand se rend compte à quel point la sanction simple était ridicule à côté de celle-là. Tout en restant silencieux, il compte les secondes. Au bout de vingt, la question revient, tel un leitmotiv lancinant :

- Voyez-vous des enfants à l'écran ? Layeu ricane en appuyant sur le bouton.

CLIC ! (non)

- Bien ! Bon point !

Cette fois-ci, une onde de plaisir assaille le cerveau du jeune homme. Elle se répercute dans son ventre, puis un frisson parcourt son corps alors qu'elle descend à l'entrejambe. Bertrand pense, alors que les effets s'estompent, que cette technologie est assez révolutionnaire. Il comprend cependant mal pourquoi cette réponse loufoque est la bonne. Se pourrait-il que le programme soit foireux ?

- Préparez-vous pour la prochaine question. Voyez-vous des rats à l'écran ?

CLIC ! (non)

- Faux ! Sanction !

Douleur.

« Mais qu'est-ce-que c'est que ce bordel ? » se dit Layeu en supportant la barre mentale. Puis il pense soudain qu'il a du mal mémoriser la signification des boutons. Ceci expliquerait tout. Pourtant, il avait pris un moyen mnémonique assez simple, en pensant avant d'appuyer sur le bouton voulu « OUI à la gauche, NON à la droite », procédé qui le fait doucement rigoler étant donné qu'il se moque royalement de ces deux clans ridicules que l'homme nomme « partis ». Il va donc inverser les commandes. « Non à la gauche... »

- Voyez-vous des rats à l'écran ?

« NON à la gauche, OUI à la droite... »

CLIC ! (non)

- Bien ! Bon point !

Il profite des vingt secondes de flottement pendant lequel la sensation bienfaisante lui est offerte : cette fois-ci, son sexe réagit un peu plus vite et esquisse un début d'érection. Le laps de temps semble être toujours le même, vingt secondes, pour les sanctions ou les bons points.

Opérateur Tzentch, rapport du 10.02.1998 - 20h00
Première session d'expériences sur sujet du dossier 4.1
Premier contact et questions A.1 et A.2 passées.
- Le sujet a raisonné correctement sur la question A.1 (trois mauvaises réponses)
- Le sujet a répondu trop vite à la question A.2 Une seule mauvaise réponse.
Tester pour savoir s'il n'a pas confondu les boutons.

- Vous avez sous les doigts des boutons. Celui de l'index gauche est oui, celui de l'index droit est non. Préparez-vous pour la prochaine question : Y-a-t'il une seule espèce vivante à l'écran ?

Bertrand enregistre bien la configuration des boutons, et est étonné de savoir que sa première mémorisation était la bonne. C'était bien « OUI à la gauche, NON à la droite ». Alors dans ce cas, pourquoi sa dernière réponse était-elle bonne ? Et pourquoi les autres mauvaises ? Sur l'écran, les enfants jouent.

- Répondez !

Craignant une sanction, et connaissant la réponse, Bertrand appuie.

CLIC ! (oui)

- Bien ! Bon point !

Ce sont encore vingt secondes agréables, pendant lesquelles il se grave dans le crâne le fonctionnement des boutons. Son pénis commence franchement à durcir.

- Préparez-vous pour la prochaine question. Voyez-vous des enfants à l'écran ?

CLIC ! (oui)

- Faux ! Sanction !

Certain d'avoir bien répondu, Bertrand pense à une malformation du programme. En endurant la souffrance, il se concentre à fond pour éviter de répondre deux mauvaises réponses à la suite. Il va donc répondre non. Non, il n'y a pas d'enfants à l'écran. Qu'est-ce que ça peut être con !

Voyez-vous des enfants à l'écran ?

CLIC ! (non)

- Bien ! Bon point !

Son érection, qui était retombée suite à la sanction, reprend, tandis qu'il profite des ces secondes bénéfiques.

- Il est donc convenu qu'il n'y a qu'une espèce vivante à l'écran, et que ce ne sont pas des enfants. En conséquence, et suivant toute logique, c'est autre chose. Préparez-vous pour la prochaine question :
Voyez-vous des rats à l'écran ?

CLIC ! (non)

- Faux ! Sanction !

Douleur.

- Voyez-vous des rats à l'écran ?

CLIC ! (oui)

- Bien ! Bon point !

Bonheur.

- Il est donc certain qu'il n'y a qu'une espèce vivante à l'écran, que ce ne sont pas des enfants, et qu'il y a des rats. Préparez-vous pour la prochaine question. Êtes-vous d'accord avec l'affirmation précédente ?

« Cette fois-ci, je vais te gruger... » ricane Layeu en enfonçant fort le bouton.

CLIC ! (oui)

- Bien ! Bon point !

Bonheur. Le rhytme cardiaque de Layeu s'accélère, alors que son plaisir s'accroît.

- Préparez-vous pour la prochaine question. Affirmez-vous que les créatures vivantes à l'écran sont des rats ?

Certain qu'un vieux piège pourri l'attend, Bertrand décide de continuer sur sa lancée et de répondre oui. Mais un sentiment l'en empêche : celui de passer pour un débile. Il décide alors d'effacer tout sentiment et de combattre par son arme favorite, la logique. Comme cette expérience est nase, autant filer des réponses nases.

CLIC ! (oui)

- Très bien ! Trois bonnes réponses ! Double bon point ! Bonheur intense. Une sorte d'orgasme interne secoue Bertrand, il ferme les yeux pour savourer cette sensation impossible à produire par les moyens naturels. Une minute se passe, puis, étonné d'avoir la paix, il se remet à carburer des neurones. Une idée de rebellion vient de surgir en lui, car la méthode de cette expérience n'est rien d'autre que celle de la carotte et du bâton. Un procédé qui le répugne, car dans toute l'histoire des hommes de nombreuses applications de cette technique ont fait faire n'importe quoi à n'importe qui. De plus, le sujet de ces questions est vraiment navrant de débilité. Comme souvent les psychologues cachent leur folie derrière des questions stupides, argumentant que c'est inaccessible pour le commun des mortels et que cela recèle un tas de significations, Bertrand commence à se demander s'il n'est pas lui-même le dindon de cette farce qui serait issue d'un cerveau malade.


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